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4. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Si le public daigne accueillir favorablement ces parties détachées, je ferai de nouvelles recherches ; j’examinerai encore plus scrupuleusement tout ce que j’ai fait, et je tâcherai de rendre mon travail plus parfait et plus digne de son approbation. […] S’il est un art digne d’attirer notre admiration, de plaire à notre esprit, et de charmer en même temps notre cœur, c’est celui qui, dissipant les épaisses ténèbres qui enveloppent le cœur humain, découvre ses pensées les plus secrètes, pénètre dans ses mystères les plus intimes, découvre à l’homme la marche de ses passions, tantôt l’instruit, l’amuse, tantôt lui cause les émotions les plus fortes et lui fait verser les larmes les plus délicieuses : tel est l’art dramatique. […] Comme plus importante dans son objet, plus difficile dans son exécution, plus digne de fixer les regards de tous les hommes, je vais d’abord traiter de la comédie de caractère. […] Il ne faut pas conclure de ce que j’ai dit plus haut, qu’elle n’est pas digne de fixer nos regards et de mériter notre estime : ce serait une grande erreur. […] De tous les vices qui dégradent l’homme, lui font perdre l’estime de ses semblables, le rendent digne du mépris général, celui contre lequel la société entière doit réunir tous ses efforts, qu’elle doit attaquer et poursuivre continuellement, c’est l’hypocrisie.

5. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

Ce fut à son frère et à Racine et Molière qu’il trouva rassemblés, qu’il demanda deux autres vers pour rimer aux siens, et voici ceux qu’ils lui donnèrent : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ? […] Mais comme il ne put en venir à bout, il eut recours à son frère et à mon père, qui tournèrent ainsi cette réponse en épigramme : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ?

6. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

À force de travaux et d’efforts dignes de Démosthénes, l’excella dans les grands rôles comiques, il forma Baron dans le genre même qu’il abandonnait, et il ne le forma pas moins à la vertu qu’au talent ; il lui donna de grands exemples de l’une et de l’autre. […] On sait que Molière fut frappé à mort sur le théâtre, en contrefaisant le mort dans le Malade imaginaire, circonstance qui a fourni des épigrammes, tandis que l’événement devait arracher des larmes ; on sait qu’il mourut dans les bras de la piété, et qu’il s’en était rendu digne par sa charité ; il donnait l’hospitalité à deux de ces pauvres religieuses qui viennent quêter à Paris pendant le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir et par reconnaissance, les consolations et les soins dans ses derniers moments ; on sait jusqu’à quel point la rigueur de nos usages (qu’il ne s’agit pas ici de juger) fut adoucie en sa faveur à la prière de Louis XIV.

7. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Pièce peu digne de Molière. […] Le caractère de don Garcie, ou du jaloux, est le seul digne d’être étudié. […] Dans le troisième, la scène du sac me semble peu digne des autres, mais la suivante, la troisième, où Zerbinette raconte à Géronte sa propre histoire, et celles que j’ai indiquées : voilà les scènes que je trouve admirables dans cette pièce, dont le dénouement est à l’antique. […] Opéra comique très plaisant, et digne de la comédie.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

de Saint-Foix, nous avons un tableau digne d’être copié par le pinceau de nos meilleurs peintres. […] L’Amour a fait un vœu bien digne de lui, il veut séduire toutes les Nymphes de Diane : il a déja attendri trois de ces belles sous la figure d’un jeune homme égaré dans les bois.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Plus heureux qu’un Monarque au faîte des grandeurs,  J’ai vu mes jours dignes d’envie : Tranquilles, ils couloient au gré de nos ardeurs :  Vous m’aimiez, charmante Lydie. […] Mirtil, si digne d’envie, Me chérit plus que le jour ; Et moi, je perdrois la vie Pour lui montrer mon amour.

10. (1871) Molière

Louis Moland, nous racontait naguère les emprunts que l’élève de Gassendi a faits au théâtre italien, digne prédécesseur de l’hôtel de Bourgogne. […] La salle était digne de celui qui l’avait construite et machinée à ses frais. […] Il lui semblait qu’il devait continuer ce spectacle à machines, qui plaisait tant à Monseigneur le cardinal ; c’est pourquoi il composa, à l’exemple des Italiens, cette féerie incomplète : Don Garcie de Navarre, assez peu digne de tenir sa place au rang des œuvres qui vont venir. […] On n’a jamais vu, que je sache, en un même esprit, tant de variété féconde ; un langage digne de Versailles, un patois digne des halles. […] Il voulait danser dans un ballet, il le commandait à Molière, sans trop s’inquiéter des vers de Britannicus qui, dit-on encore aujourd’hui, avaient corrigé le roi de danser en public : Il excelle à conduire un char dans la carrière… Au carnaval suivant, fut commandé Psyché ; mais Molière en ce ballet, où Quinault a laissé sa trace, Molière avait un collaborateur digne de lui, Pierre Corneille à soixante ans ; et Corneille, par des vers charmants, que lui seul il pouvait écrire, prit sa revanche des victoires du jeune et bouillant Racine à propos de Bérénice.

11. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Un écrivain qui se faisait une justice si exacte sur le mérite qui lui manquait, et qu’on peut acquérir, est bien digne qu’on la lui rende pour le mérite qu’il eut et qu’on n’acquiert pas. […] Je ne dois pas omettre ici une anecdote digne d’attention. […] Le Joueur annonça, non pas tout-à-fait un rival, mais du moins un digne successeur de Molière : Regnard eut cette gloire et la soutint. […] Il avait même fait une autre pièce, qui a pour titre le Tombeau de Boileau, et dans laquelle il y a des traits dignes de Boileau lui-même. […] Les scènes épisodiques du Gascon et du tailleur sont dignes du reste pour l’effet comique, et ces sortes de méprises, nées de la ressemblance, sont un fonds si inépuisable, que nous avons au théâtre italien trois pièces sur le même sujet, qui toutes trois sont vues avec plaisir.

12. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Le roi avait légitimé les enfants qu’il avait de madame de La Vallière ; madame Scarron était donc fondée à prévoir le même sort pour ceux de madame de Montespan ; et elle s’était mis dans l’esprit que les fils de Louis XIV, confiés à ses soins, ne devaient pas être les tourments de la France comme l’avaient été les bâtards de Henri IV, et qu’elle devait rendre ses élèves dignes de leur haute destinée, par leur moralité et leur esprit. […] Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 6 décembre 1671 : « Madame de Richelieu est assez bien placée ; si madame de Scarron y a contribué, elle est digne d’envie.

13. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

La Dame, en qualité de femme, pousse contre lui la haine au dernier point : aussi Nérine, sa suivante, lui dit-elle, pour lui faire sa cour : Oui, oui, la haine seule est digne d’un grand cœur ; Aussi bien que l’amour, la haine a sa douceur. […] Falaise, l’envoyé du prétendu, les ménage tous les deux, & leur assure à chacun en particulier qu’ils ont fait un digne choix. […] Elle finit la piece par un vers bien digne d’elle : Oui, je vais me livrer toute entiere à la haine.

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