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4. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Le dénouement de L’École des maris est le meilleur de toutes les pièces de Molière. […] L’auteur français égale presque la pureté de la diction de Térence, et le passe de bien loin dans l’intrigue, dans le caractère, dans le dénouement, dans la plaisanterie. […] Le même préjugé littéraire, qui condamne injustement les dénouements de Molière, pris collectivement, vante avec aussi peu de raison peut-être le dénouement de L’École des maris. […] Selon Voltaire, le dénouement de L’École des maris « est le meilleur de toutes, les pièces de Molière ». Suivant Marmontel, il est « le plus parfait modèle du dénouement comique ».

5. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La scène deuxième du cinquième acte, où don Juan parle de l’hypocrisie, et la troisième, où il refuse à don Carlos d’épouser sa sœur, par scrupule (scène que Corneille n’aurait pas dû mettre de côte), achèvent de rendre don Juan odieux, et rendent le dénouement moins inconcevable en le faisant souhaiter davantage. […] Tout est sublime dans ce chef-d’œuvre ; et le dénouement, que plusieurs personnes n’approuvent pas, ne peut choquer, après cinq actes de beautés continues. […] Le dénouement, que l’on blâme, était impossible autrement. […] Dans le troisième, la scène du sac me semble peu digne des autres, mais la suivante, la troisième, où Zerbinette raconte à Géronte sa propre histoire, et celles que j’ai indiquées : voilà les scènes que je trouve admirables dans cette pièce, dont le dénouement est à l’antique. […] La première scène, où Pasquin demande son congé à son maître ; la quatrième, où Pasquin et Lisette ont peine à retenir l’amoureux Colin ; la dixième, où Lisette, déguisée en veuve, attrape l’officier, et le dénouement : voilà ce qu’il y a de plus joli.

6. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Roze ; un second couplet pris dans la Veuve, comédie de Larivey ; & le dénouement de Zélinde, comédie de M. de Visé. […] Le dénouement du Médecin malgré lui est imité d’une piece de M. […] Passons à la comparaison des deux dénouements. […] La ressemblance entre ces deux dénouements est si frappante, qu’il suffit de les rapprocher sous les yeux du Lecteur. Mais si de Visé a tort d’avoir fait un mauvais dénouement, Moliere a bien plus grand tort de s’en être servi.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

J’ai voulu dire que toute scene, pour être bien faite, doit avoir, comme une comédie entiere, son exposition, son intrigue, son dénouement. […] Il y a, à dire vrai, des scenes excellentes qui, lues séparément, n’offrent au Lecteur ni exposition, ni dénouement ; mais elles n’ont pas moins l’une & l’autre de ces parties essentielles. […] Il faut encore que la petite intrigue puisse faire partie de l’intrigue générale, & concourir avec elle au dénouement. […] Enfin le dénouement d’une scene doit dénouer positivement la petite intrigue que l’exposition a annoncée. […] Pour ne pas multiplier les exemples, tâchons de trouver une scene qui peche en même temps par l’exposition, l’intrigue, le dénouement, & qui éblouisse cependant le spectateur.

8. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Le dénouement de L’École des maris est le meilleur de toutes les pièces de Molière. […] Doit-on précipiter ainsi un dénouement ? […] Une scène d’amour bien filée, une autre scène de jalousie, suivie d’une réconciliation ; une intrigue bien soutenue et un dénouement imprévu n’auraient pas été convenables. […] Voici ses termes : « Je crois qu’on doit ranger encore le dénouement du Mariage forcé parmi les beautés de Molière, qui sont inconnues à la plupart des spectateurs, ou du moins dont ils ne sentent pas tout le mérite : mais examinons s’il manque en effet, comme on le prétend, de quelque qualité qui soit nécessaire à un dénouement pour être parfait. […] « Depuis que les modernes ont jugé, avec raison, que les dénouements en action réussissent beaucoup mieux que s’ils étaient en récit, comme ceux des anciens, il n’y a jamais eu, sur aucun théâtre de l’Europe, un dénouement aussi bien imaginé que celui-ci.

9. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

« Peut-être Mascarille exagère-t-il un peu quand il tient ces discours à Lélie, déguisé en Arménien pour abuser Trufaldin par un stratagème analogue à celui du Parasite ; cependant les deux exemples connus de saint Vincent de Paul et de Regnard suffiront ici pour établir que les sujets de Louis XIII et de Louis XIV ne devaient pas juger l’intrigue de la comédie de Tristan et certains dénouements de Molière aussi dépourvus de vraisemblance qu’ils nous le paraissent aujourd’hui. » M. […] Il achemine donc Molière à un dénouement tout autre que celui de l’Inavvertito, où Bellorofonte retrouvait une sœur de Celia qu’il avait autrefois aimée, Laudomia, mais où Mezzetin (Trufaldin) restait sans famille comme auparavant. Ayant commencé à imiter la comédie de Tristan l’Hermite, Molière est entraîné à en imiter aussi le dénouement. […] Si, de plus, on admet qu’une sorte de vitesse acquise, jointe à la logique de l’intrigue, ait amené Molière à poursuivre l’imitation ébauchée du Parasite, on pourra regretter encore le dénouement de l’Inavvertito, mais celui de l’Etourdi se trouvera pleinement expliqué.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

« Ces farces ou ces petites pieces n’ont & ne peuvent même avoir ni action, ni intrigue, ni dénouement, car elles finissent d’ordinaire avec l’audience de l’homme ou du Dieu consulté, soit qu’il ne leur plaise plus de la continuer, ou que personne ne se présente plus pour la demander ; & pour finir ces prétendues pieces d’une maniere enjouée, on y ajoute le plus souvent un ballet composé des personnages qui ont paru sur la scene. […] Malheur à qui ne sait pas voir dans la derniere de ces pieces une exposition, une intrigue, un dénouement. […] Mes Lecteurs ne seront pas, je pense, de son avis : ils auront remarqué dans l’extrait non seulement une exposition simple autant qu’intéressante ; une intrigue bien graduée, & variée tantôt par la jalousie de l’amant, tantôt par celle de l’amante, tantôt par les contradictions de l’oncle ; un dénouement inattendu qui termine tout au gré des acteurs & des spectateurs : ils auront encore fait attention à l’adresse du nœud général ; il est ourdi de maniere que chaque fâcheux trouve l’amant dans une situation bien prononcée, à la portée de tous les cœurs, & qu’il sert à la rendre plus piquante. […] A la suite d’un de ces repas tumultueux où chaque convive se croit obligé de faire preuve d’esprit, où l’on pense comme Scarron que La digestion est meilleure Lorsqu’on dispute un bon quart-d’heure, j’ai entendu critiquer précisément ce que nous venons d’admirer : « Puisque Moliere, disoit-on, a fait rouler son action, son intrigue, son dénouement sur l’amour, il a tort de n’avoir pas filé dans chaque acte une ou deux scenes qui caractérisassent cette passion ». […] J’ai démontré que l’action nous conduit d’incident en incident, & par gradation, à un dénouement bien supérieur à celui du Mercure, & qu’il est dans toutes les regles, puisqu’il a le mérite de la précision, qu’il surprend, & qu’il satisfait tout le monde : j’ai donc confondu, aux yeux de mes Lecteurs judicieux, les personnes qui n’avoient pas apperçu le moindre nœud dans cette piece, ou qui ne vouloient pas en convenir : j’ai triomphé en même temps de celles qui ne concevoient pas la possibilité de resserrer une action parfaite dans un petit nombre de vers, & qui critiquoient Moliere de l’avoir fait.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Regnard a imité de Moliere un prologue, des détails, des scenes, des caracteres, des dénouements. […]   Dans ces deux dénouements une fausse nouvelle fait rompre un mariage mal assorti pour en cimenter un autre desiré par la plupart des personnages. […] Nous les avons déja cités dans l’article des catastrophes ou des dénouements. […] Il n’est pas nécessaire de s’épuiser en raisonnements pour prouver qu’aucun de ces dénouements ne vaut celui de Moliere. […] Est-il possible qu’un homme d’esprit ait pu se déterminer à répéter, à retourner dans quatre pieces différentes, un dénouement pris chez un autre Auteur ?

12. (1802) Études sur Molière pp. -355

Mais soyons justes, le dénouement italien n’est-il pas meilleur ? […] Le dénouement. — Infidèle au titre ; précipité et romanesque. […] — Défectueux, en ce qu’il annonce trop le dénouement. […] Le dénouement satisfait-il le spectateur ? […] Ne balançons pas à le dire ; aucun dénouement ne peut être comparé à celui des Femmes savantes.

13. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ? Dans la tragédie, le dénouement a un effet qui reflue sur toute236 la pièce : s’il n’est point parfait, la tragédie est manquée.

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