/ 265
5. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Tel est le comique Italien, aussi chargé d’incidens, mais moins bien intrigué que le comique Espagnol. […] Le comique François se divise, suivant les mœurs qu’il peint, en comique bas, comique bourgeois, & haut comique. […] Comique. […] Comedie ), se divise en comique noble, comique bourgeois, & bas comique. […] Moliere, à la vérité, mêle quelquefois le comique grossier avec le bas comique.

6. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

. — Du drame comique. […] Falstaff. — Le comique humoristique et Jean-Paul. — X. […] » il n’est point comique. […] Harpagon n’est point comique, parce qu’il est sérieusement avare ; Arnolphe n’est point comique, parce qu’il est sérieusement jaloux ; Alceste n’est point comique, parce qu’il est sérieusement misanthrope ; don Quichotte n’est donc point comique, puisqu’il est sérieusement chevalier errant. […] De même que Molière, il est comique parfois.

7. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Jamais Poète comique ne rencontra des circonstances si heureuses. […] n’est-il pas en effet un excellent Poète comique ? […] il faut parvenir jusqu’à elles, et voilà le Comique d’intrigue. […] leur caractère devenu plus actif développe le nôtre, et voilà le Comique de caractère. […] Le terme est expiré, la Nation demande un Poète comique ; qu’il paraisse, le trône est vacant.

8. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Pendant que les Allemands nous prouvent que Molière n’est pas un bon poète comique, nous n’avons pas cessé d’entendre les Français chanter sa gloire : Gloire à Molière, le plus grand des poètes comiques ! […] La troisième règle de l’auteur comique, c’est de ne pas se peindre lui-même. […] Le poète comique, au contraire, est le miroir du monde, et son moi ne doit jamais paraître. […] Il met la muse comique au service de ses passions politiques et de ses haines personnelles259. […] gloire à Molière, le premier des poêles comiques !

9. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Les scènes d’un vrai comique qu’offre cette pièce sont accessoires, et ne ressortent pas nécessairement du sujet. […] Le répertoire comique serait bien vite épuisé, s’il n’y avait en effet qu’un seul caractère pour chaque passion. […] La gaité, la force comique et la rapidité de la marche s’y trouvent à un plus haut degré que dans les autres. […] Il y a peu de poètes comiques contemporains de Molière à citer à côté de lui. […] La Harpe donne Le Légataire pour le chef-d’œuvre de la gaîté comique.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. Il faut faire une grande différence entre le comique & le plaisant. […] Rien ne prouve mieux la distance qu’il y a entre Moliere & Regnard, que la différence de leur comique. […] Je ne dis point qu’on ne puisse y mettre des traits fins & malins ; mais il faut que tout le comique qui résulte de leur finesse & de leur malignité, soit dû au comique de la situation, & que séparé d’elle il n’ait plus le même prix. […] Il est tout naturel, je crois, que dans le chapitre où nous parlons du comique & du plaisant, nous disions quelque chose du rire.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Autrefois un Auteur comique n’osoit qu’en tremblant risquer une situation larmoyante sur la scene comique ; à présent, les larmes en font tout l’ornement. […] Voulez-vous marcher sur les traces du premier comique larmoyant ? […] Une reconnoissance comique est sans doute très difficile ; mais Regnard en a mis une sur la scene qui vaut elle seule toutes celles de la Chaussée, &c. […] Regnard a fait une bonne reconnoissance comique ; un autre Auteur, né avec un génie réellement comique, en fera peut-être une meilleure. […] Le jeu de l’acteur qui fera la narration, le ton qu’il prendra, la situation des personnages intéressés à l’écouter, tout pourra contribuer à rendre comique en récit ce qui seroit triste en action.

12. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

À ce moment-là il avait atteint au lyrisme comique. […] Cela est d’un comique excellent et profond. […] Mais il n’en est pas de même du comique. […] Le comique de la gaîté est un comique libre et folâtre. […] Ce comique-là abonde dans Aristophane autant que le comique de la gaîté.

13. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Le comique de caractère, cette carrière ouverte par Corneille dans le Menteur, appellait Molière ; mais le comique d’intrigue s’était emparé de la scène, il ne fallait point l’en chasser ; conservons, multiplions les genres, n’excluons rien. […] Dans le Dépit Amoureux, c’est encore l’intrigue qui domine, intrigue bizarre, compliquée, peu décente ; mais déjà la main d’un maître sait répandre sur ce fonds ingrat, des caractères d’un comique fort, des situations piquantes, des scènes exquises et dans des genres tout differents. […] Corneille avait oublié de punir son Menteur, et par là il avait privé sa fable de moralité ; Molière punit ses Précieuses par un affront sanglant qu’elles s’attirent, et par là il a mérité d’être regardé comme l’inventeur du comique de caractère moral. […] C’est en perfectionnant toujours qu’il s’élève par dégrés jusqu’au Misanthrope, jusqu’aux Femmes Savantes, jusqu’au Tartuffe, jusqu’à cette pièce aprés laquelle il ne faut plus rien nommer et qui est non seulement le chef-d’œuvre du théâtre comique, mais un grand bienfait envers l’humanité. […] À force de travaux et d’efforts dignes de Démosthénes, l’excella dans les grands rôles comiques, il forma Baron dans le genre même qu’il abandonnait, et il ne le forma pas moins à la vertu qu’au talent ; il lui donna de grands exemples de l’une et de l’autre.

14. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Le mélange d’héroïque et de comique, fidèlement exprimé par ce titre, n’est, dans l’ouvrage, que la confusion de deux genres inconciliables selon notre système dramatique. […] Il n’y a presque point d’intrigue dans les Adelphes ; celle de L’École des maris est fine, intéressante et comique. […] Il est vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue ; et, ce qui vaut bien autant, il est extrêmement comique. […] Suivant Marmontel, il est « le plus parfait modèle du dénouement comique ». Il est ingénieux et piquant sans doute ; mais j’oserai dire aussi qu’il est invraisemblable ; qu’il appartient à ce comique de convention, à ce comique forcé et chargé, qui caractérise la farce plutôt que la véritable comédie.

/ 265