Mais qu’il espère atteindre ce but, et faire croire à la disparition de Raton, en l’enfermant dans son caveau, au moment où il va chercher du vin, quand il suffirait à celui-ci d’élever la voix et de frapper derrière la porte pour être entendu de tous les siens, voilà ce que l’on a plus de peine à concevoir, en dépit même du soin que prend M. […] Oui, sans doute, et d’autant plus qu’elle nous fait penser au pauvre Molière dont la situation avait quelque chose d’analogue avec celle d’Alceste, et qui souvent dut faire à l’altière Béjart une partie des reproches que celui-ci adresse à sa perfide coquette. […] Enfin Elmire, malgré son brusque changement de conduite envers Tartuffe, malgré les justes soupçons que celui-ci en conçoit et les objections embarrassantes qu’il lui fait à cet égard, Elmire, en rappelant avec adresse la manière dont elle a d’abord écouté l’aveu de son amour et les circonstances qui l’ont suivi, finit par le persuader complètement, et semble, par cet heureux triomphe, recevoir la récompense de sa modération. […] On ne saurait admettre que l’homme qui vient d’implorer à genoux et les larmes aux yeux la grâce d’un fils, ne se précipite pas sur son père afin de le détourner de son dessein quand celui-ci demande un bâton pour le battre. […] Orgon, transporté d’admiration pour Tartuffe, de fureur contre son fils, exige que celui-ci se rétracte et fasse des excuses au saint homme.
Quelle noble indignation aux plaintes de celui-ci, plaintes qui doivent la révolter, d’autant plus qu’elles lui semblent si imméritées, alors même qu’elles sont, au contraire, si désespérément justes !
Celui-ci ne manque pas de passer un billet par la fente de la porte.
Milfort revient : Belti s’empresse de lui dire que Belton n’a pas d’or : Milfort offre tout ce qu’il possede : Belti est étonnée que Belton refuse : celui-ci la prie de le laisser avec son ami : elle est fâchée qu’il ait des secrets pour elle, & sort en soupirant.
On indique une répétition : un Acteur est fâché de n’avoir pas de tirades à débiter ; l’autre desire une imprécation, un songe : celui-ci exige tel changement ; celui-là est d’avis que la piece trop languissante a besoin d’être réduite en un acte.
Qui prétendra jamais découvrir un but moral à l’Amphitryon ou au Malade imaginaire, à moins que dans celui-ci Molière n’ait voulu instruire l’humanité du danger de prendre trop de remèdes, et lui prêcher dans celui-là les joies de l’adultère15 ?
C’étaient Chapelle et Bernier : celui-ci, connu par ses voyages aux Indes, et l’autre, célèbre par quelques vers naturels et aisés, qui lui ont fait d’autant plus de réputation qu’il ne rechercha pas celle d’auteur. […] Celui-ci répondit au hasard : Quatre pistoles. — Donnez-lui quatre pistoles pour moi, lui dit Molière ; en voilà vingt qu’il faut que vous lui donniez pour vous ; et il joignit à ce présent celui d’un habit magnifique.
Dans mon premier travail, je m’étais contenté (le nommer Bourdaloue ; dans celui-ci, je m’applique à lui faire la place qu’il mérite, et elle n’est pas inférieure à celle de Molière. […] « Il est facile de trouver dans les œuvres de celui-ci la trace de cette impulsion donnée à son génie par un pouvoir qui l’excite et l’autorise. […] Le Fils de Dieu veut que, entre tous les autres démons, nous ayons particulièrement horreur de celui-ci, et c’est pour cela qu’il entreprend lui-même de nous le faire connaître. […] La sincérité de celui-ci n’est pas moins désagréable et dommageable à ceux qui l’entourent que la fourberie de celui-là. […] L’auteur du Misanthrope reçut à son théâtre je ne sais quelle comédie du critique, et celui-ci devint l’ami de la maison.
Ainsi Pascal, ainsi Molière, dans cette œuvre commune de destruction dont ils ne pouvaient savoir toute la portée l’un ni l’autre, se sont sauvés justement, celui-ci et celui-là, par les mêmes raisons qui devaient les perdre tous les deux. […] Et l’un et l’autre, ils enseignent, celui-ci l’histoire d’Angleterre à la cour d’Élisabeth, celui-là la gaîté française aux provinces reculées. […] Il devait accomplir, jusqu’à la fin, sa tâche de poète, de comédien, de directeur de théâtre, trois tâches pour lesquelles il ne faut rien moins que sept hommes aujourd’hui, à savoir : deux poètes comiques au moins pour faire une comédie ; trois comédiens qui jouent : celui-ci la tragédie, celui-là la comédie, et cet autre le drame ; enfin un commissaire royal et un directeur du Théâtre-Français. […] Sganarelle, resté seul et encore tout ébloui de ce qu’il vient d’entendre, a recours à son premier conseiller, le prudent Géronimo ; mais cette fois Géronimo, qui sait déjà à l’avance la maxime de l’autre Sganarelle, Sganarelle le faiseur de fagots, le cousin germain de celui-ci : Entre l’arbre et l’écorce il ne faut pas mettre le doigt, Géronimo ne se hasarde plus à donner de bons conseils, il adresse tout simplement ce trop à plaindre Sganarelle au seigneur Pancrace, Aristote-Pancrace, comme l’appelle Sganarelle pour s’en faire écouter. […] Rien n’est plus beau que le duel d’Alceste et de Célimène ; celui-ci, amoureux qui s’emporte et qui pleure ; celle-là, indifférente, qui se moque tout bas de tant de faiblesse.
Le Festin de Pierre avait été représenté la première fois tel qu’on le lit dans cette édition, c’est-à-dire avec la scène ou Sganarelle argumente contre son maître en faveur de Dieu, et celle où dom Juan, rencontrant un pauvre, lui donne, au nom de l’humanité , un louis d’or que celui-ci refusait de gagner par un jurement.