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5. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Mais un misanthrope amoureux d’une coquette fournit à l’auteur des ressources nouvelles pour développer plus parfaitement ce caractère. […] Le Misanthrope soutient bien son caractère pendant cette conversation, et leur parle avec la liberté qui lui est ordinaire. […] Pour ce qui regarde le Misanthrope, on peut dire qu’il soutient son caractère jusqu’au bout. […] Molière a merveilleusement bien peint leur caractère dans la première scène de son Médecin malgré lui. […] Molière ne s’est point arrêté aux petits égards d’un caractère subalterne ; il ne s’est attaché qu’au caractère principal.

6. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Mais c’est surtout dans les caractères qu’il avait sous les yeux qu’il a trouvé ses personnages. […] La seconde esquisse de ce caractère est tracée par Don Juan lui-même. […] Le caractère de Don Juan étant donné, toutes les paroles qu’il prononce dans cette scène sont on ne peut mieux adaptées à ce caractère. […] Nous allons rencontrer ici une démonstration nouvelle de ce caractère de l’amour. […] Bien plus, il a réussi autant dans la peinture des caractères féminins que dans celle des caractères masculins.

7. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

L’intrigue d’amour est banale, pesamment conduite, et fait souvent perdre de vue le caractère principal. […] Le répertoire comique serait bien vite épuisé, s’il n’y avait en effet qu’un seul caractère pour chaque passion. […] Le but de l’auteur a été de peindre à fond un caractère ; mais les hommes ne parlent guère de leur caractère, et ils ne le font connaître que par les relations qu’ils entretiennent avec leurs semblables. […] La distraction ne forme pas, à proprement parler, un caractère. […] Marivaux n’a pas dépeint des caractères, et il n’a pas inventé des intrigues.

8. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Il y a plus : le succès de Molière lient encore à ce qu’entre tous nos écrivains, si clairs, si humains qu’ils aient été, il a le don de clarifier et d’« humaniser » les sujets qu’il traite, les caractères qu’il étudie, les leçons qu’il donne. […] Quelle connaissance du cœur humain, quelle expérience des passions ne faut-il pas avoir pour comprendre et goûter vraiment le caractère d’une Bérénice, d’une Hermione, d’une Agrippine ? […] Les traits saillants de leur caractère sont à la fois peu nombreux et mis en valeur avec un relief si puissant qu’on les devine et qu’on les pénètre du premier abord. […] Les caractères tendent à l’universel : les altitudes, les gestes, les paroles, tout ce par quoi ils se manifestent à nous, est personnel, propre à eux seuls, et les individualise. […] Oui ne connaît ces mots si brefs dans lesquels se condense avec force la violence d’une passion et dont le retour, à la fois comique et dramatique, en apprend plus sur un caractère que ne le ferait une longue analyse ?

9. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Les Poètes comiques ont toujours peint, même involontairement, quelques traits du caractère de leur Nation. […] Il vit avec étonnement les traits les plus opposés se confondre dans le caractère de ce Poète. […] Le titre de plusieurs Ouvrages annonçait même des Pièces de caractère. […] leur caractère devenu plus actif développe le nôtre, et voilà le Comique de caractère. […] Le caractère est-il faible, ou veut-il se cacher ?

10. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Outre cela c’est un caractère éternel. […] Un caractère plein de force et d’esprit. […] Manière d’employer des rognures de caractère. […] Pour ces caractères la philosophie de Scapin est bonne. […] Molière aura recours aux excès de caractères.

11. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Sans doute, le sujet de, la pièce est heureux, les caractères sont d’un comique irrésistible, le dialogue est d’une vivacité naturelle, le style d’une pureté hardie : tout cela fait un plaisir extrême. […] C’est là sa gloire ; mais c’est aussi ce qui rend ses œuvres peu instructives, et leur ôte le caractère d’exemples, qu’elles devraient avoir pour enseigner avec fruit la morale. […] Cette affection et cette répulsion ne s’appliquent qu’à des êtres imaginaires ; mais ni leurs mœurs ni leurs caractères ne sont purement imaginaires. […] Après son immense influence, ce qui doit surtout nous frapper dans Molière, c’est le bon sens : le bon sens est le caractère saillant de son génie. […]   Ce manque de vérité et même quelquefois de vraisemblance, qui est un caractère des œuvres artistiques, a été reproché à Molière par les critiques qui ne se sont pas placés au point de vue de l’art : « Il a outré souvent les caractères.

12. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Il y a là un intermède bouffon, mais rien assurément qui ressemblé à la peinture d’un caractère. […] Molière, nous l’avons dit, cherchait à tracer des caractères, et se souciait peu de peindre des individus ; il savait qu’un type isolé peut amuser, intéresser même, mais que le caractère seul .s’élève par sa généralité à la hauteur d’un enseignement. […] Nous pourrions étendre ce parallèle à d’autres que le médecin et l’homme de lettres ; mais tout ce que nous avons tenté de démontrer, c’est que la profession d’avocat n’imprime aucun caractère particulier à ceux qui l’exercent, et laisse à chacun son individualité. […] Sont-ce des caractères communs à tout le barreau ? […] La Bruyère, Des Ouvrages de l’esprit. — Puisque nous avons cité la Bruyère, nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que lui qui traçait aussi des caractères, loin de critiquer la profession d’avocat, n’en a parlé qu’avec éloge (De la ville.

13. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Le Socque est inférieur au Cothurne ; mais certains hommes, dans les moindres conditions, de même que dans les plus hautes, ont par leur naturel un caractère d’arrogance : Iratusque Chremes tumido delitigat ore. […] Rien ne joue mieux, sans outrer aucun caractère. […] Je ne crains pas de dire qu’il a enfoncé plus avant que Térence dans certains caractères. […] Ces caractères méritaient sans doute d’être traités suivant les mœurs des Grecs et des Romains. […] D’ailleurs il a outré souvent les caractères.

14. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Diderot demandait aux dramatistes, pour renouveler le théâtre, de remplacer les caractères par les professions et l’étude des caractères par l’étude des professions. […] On a pu lui faire celle objection qu’il faudra bien que son militaire, son médecin ou son magistrat ait un caractère personnel, et que dès lors de deux choses l’une : ou le caractère professionnel sera d’accord avec le caractère personnel et dans ce cas en peignant le caractère professionnel c’est le caractère personnel que l’on peindra tout comme autrefois ; ou le caractère personnel et le caractère professionnel seront en divergence et par conséquent en lutte, et dans ce cas ce sera deux caractères en un seul homme que l’on aura à peindre, ce qui donnera un résultat confus, ambigu et trouble. […] Il n’y a que le premier cas prévu dans l’objection où l’objection soit juste : si le caractère professionnel et le caractère, personnel sont d’accord, en peignant le caractère professionnel vous ne peignez que le caractère personnel ; oui, mais le second cas prévu dans l’objection laisse matière à une comédie qui peut être excellente, puisque cette lutte même entre le caractère personnel et le caractère professionnel peut être merveilleusement dramatique ; exemple la Robe rouge de M. […] C’est le caractère ecclésiastique. […] Il y a bien là deux caractères.

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