Le Misanthrope est sans doute un caractère élevé. […] Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir. […] C’était en effet un coup de maître pour Molière, de représenter Montausier, ce censeur énergique, sous les couleurs les plus nobles, et d’opposer son caractère même aux prétentions de bel esprit sans esprit, et le poète sans talent ; de le montrer intraitable pour un mauvais ouvrage, quelque honnête, quelque estimable que fut l’auteur, en respectant en lui l’homme de bien et de mérite ; précisément comme Racine et Boileau prétendaient en user avec Chapelain, Cottin et leurs semblables.
Tout, dans ce rôle de Léonor, par la raison sereine et l’honnêteté virile qu’il respire, laisse voir quel caractère, quelle plénitude de consentement Molière eût souhaité chez celle qu’il allait épouser. […] Armande réagit avec succès contre ce caractère peu esthétique. […] Molière eut soin d’y mêler un peu de coquetterie, qui, loin d’en altérer le caractère, le rendait encore plus vrai, et aussi le rapprochait davantage des moyens d’Armande. […] Le caractère et la manière d’être qu’elle prête aux deux époux, les incidens publics de leur existence qu’elle raconte, tout cela montre en elle un témoin bon à entendre. […] Si ce n’est point là un caractère très sympathique, encore vaut-il mieux que l’Armande de convention.
On en était venu jusqu’à toucher à son caractère. […] Ce caractère a été merveilleusement développé par l’auteur latin. […] Cette manie prit un caractère si violent, que la police fut obligée de s’en mêler. […] Dans la Loterie, il a saisi ce caractère avec beaucoup de vigueur. […] Il a besoin, dans une pièce qu’il fait, d’un caractère de nigaud, de fat, d’imbécile ; je veux lui donner ta connaissance, baron, cela lui fera plaisir, sur ma parole : il a peine à trouver de nouveaux caractères.
Est-ce là une comédie de caractères ? […] Un caractère en littérature, c’est, comme en histoire naturelle, un caractère essentiel, une disposition fondamentale d’où toutes les autres dépendent, et selon les variations de laquelle elles se modifient. […] En dépit de son titre, le Menteur n’est pas une comédie de caractères. […] Il n’est pas naturaliste, encore, par le fait même qu’il fait des comédies de caractères : or, dans la réalité, peu de gens ont un caractère, et tous en ont un commencement. […] Sa langue porte un caractère très marqué d’archaïsme.
Ces moyens doivent être assortis à son caractère. […] Et cela est vérité et cela est très théâtral, parce que le spectateur n’aime rien tant que de voir ces brusques retours du caractère inné à travers le caractère acquis. […] Dès le commencement, Molière le montre très soigneusement avec ce double caractère. […] Caractère sans défaut, humeur désagréable. […] Sans cela, votre humeur faisant tort à votre caractère, que dira-t-on de vous ?
C’est encore un tableau, une peinture des mœurs du xviie siècle avec des caractères éternellement vrais. […] Molière, permettez-moi cette expression un peu trop récente, est un grand artiste ; il ne connaît ni les petits moyens ni les procédés vulgaires ; il jette sur la scène des caractères, et ce sont ces caractères qui s’expliqueront eux-mêmes devant vous. […] Ensuite on s’est attaqué à Arnolphe, un caractère complet, qui commence la comédie de caractères en France ; on ne l’a trouvé ni bien profond ni bien comique ; et il ne faisait rire, ajoutait-on, que grâce aux pantalonnades de l’acteur qui était chargé du rôle ; l’acteur chargé du rôle, c’était Molière ; on atteignait ainsi l’auteur et le comédien, on faisait coup double. […] Ne lui demandez pas des idées ; les idées, il ne les voit qu’à travers les caractères, au moment où elles deviennent excessives et où il va les ridiculiser. […] Sa besogne est de fixer dans le monde de l’art des caractères qui, sans lui, resteraient disséminés et épars dans la nature.
L’attrait du caractère de Molière nous a fait oublier l’écrivain. […] Ne cherchons aujourd’hui qu’à bien saisir le caractère de Tartuffe. […] Le caractère d’Orgon n’est pas moins plaisant. […] Or le caractère du pamphlet se retrouve jusque dans les détails du style. […] Leur crédit y avait gagné; mais leur caractère y avait perdu.
Celui qui avait conçu ce rôle, Molière seul, pouvait lui prêter quelques traits de son propre caractère. […] On peut résumer ainsi les accusations de l’auteur d’Emile : 1° Le caractère du misantrope n’est pas assez soutenu ; 2° Molière a rendu la vertu ridicule dans la personne d’Alceste. Est-il vrai que le misantrope ne soutienne pas, dans toute la pièce, le caractère qu’il a montré dès la première scène ? […] Aussi, dans les scènes où il est tête à tête avec Philinte, le misantrope redevient-il lui-même ; on est seul avec un ami, et son caractère qui, devant Oronte et Célimène avait quelque peu plié sous les exigences sociales, se redresse alors pour reprendre toute sa raideur primitive. […] Ceci nous mène au second reproche adressé à Molière : il est accusé de faire rire aux dépens du misantrope : « Ce caractère si vertueux, dit Rousseau, est présenté comme ridicule.
Elle s’est toujours soutenue au théâtre, et fait voir que Quinault avait plus d’un talent : elle est bien conduite : les caractères et la versification sont d’une touche naturelle, mais un peu faible. […] Elle n’a consenti qu’à regret à feindre une coquetterie qui n’est ni dans ses principes ni dans son caractère, et uniquement pour déterminer son époux à marier sa sœur Julie à un honnête homme qui l’aime et qui en est aimé. […] Mais, à cet amour près, son caractère est aussi noble que son esprit est censé, et la pièce offre tour à tour des scènes touchantes et des scènes comiques, toutes également morales et instructives. […] Ce ne fut qu’en 1696, vingt-trois ans après la mort de Molière, que la bonne comédie parut enfin renaître avec tout son éclat, dans une pièce de caractère et en cinq actes. […] La seule pièce où l’on remarque ce comique de caractère, ces résultats d’observation qui lui manquent ordinairement, c’est le Joueur, et c’est aussi son plus bel ouvrage, et l’un des meilleurs que l’on ait mis au théâtre depuis Molière.
Rambert, portent un jugement sévère sur le caractère de Racine. […] Vinet part de l’étude du caractère de Racine pour signaler le contraste qui souvent existe entre le caractère et le talent. […] Après telle œuvre d’un caractère presque intime et qui laissait voir dans son âme, le poète s’oubliait davantage ; mais ce n’était pas pour longtemps. […] Leur crédit y avait gagné; leur caractère y avait perdu. […] Cléante fait connaître, par ses discours, le caractère de la vraie piété plus qu’il ne la fait aimer par ses œuvres.