Cette vérité est si bien accréditée parmi les personnes instruites, qu’il suffit d’indiquer en passant ce qui fit fleurir les arts dans ces jours heureux où ils enfanterent des merveilles. […] Jettons un coup d’œil impartial sur notre siecle ; nous y verrons une infinité de grands hommes ne sortir de la foule commune, ne s’élever au sublime de leur art que par les bontés du meilleur des Princes. […] J’entends par art dramatique l’art du Poëte tragique ou comique, & non celui du Comédien. […] Un privilege exclusif n’est pas moins préjudiciable à l’art du Comédien qu’a celui du Poëte. […] Admettons deux troupes, l’art du Comédien y gagnera autant que celui du Poëte.
On comprend donc au milieu de l’épanouissement de tous les arts que faisait fleurir la Renaissance, les progrès de la commedia dell’arte. […] Tels furent les principaux rôles dont la Comédie de l’art se composa d’abord. […] En résumé, la commedia dell’arte se retrouve partout sous sa forme première ; comme tous les arts, elle a sa période instinctive. […] Elle ne devient un art que lorsqu’elle prend conscience d’elle-même, qu’elle se systématise, obtient des effets voulus, et se propose un but. Mais elle est évidemment le dernier mot de l’art dramatique.
Dans cet art difficile où tu n’eus point de maître, Tu régnas deux cents ans sans rival, et peut-être Ta gloire doit toujours rester sans héritiers. […] s’il est des méchants qu’on ne peut châtier, Ton art, jadis si beau, n’est plus qu’un vil métier ! […] Et vous verrez bientôt le sol de ma patrie Se couvrir de nouveau de nourrissons des arts, Le disputant de gloire aux fiers enfants de Mars. […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux. […] On ne saurait trop appeler la sollicitude du Gouvernement sur les encouragements nécessaires aux progrès de l’Art dramatique.
Enfin parlant toujours d’Astres, et de Merveilles De Chef-d’œuvres des Cieux, de Beautés sans pareilles, Avec tous ces beaux mots souvent mis aux hasard, Je pourrais aisément, sans génie, et sans art, Et transposant cent fois et le Nom et le Verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièce Malherbe. […] Malheureux mille fois celui, dont la manie Veut aux règles de l’Art asservir son génie ! […] Mais un esprit sublime, en vain veut s’élever À ce degré parfait qu’il tâche de trouver : Et toujours mécontent de ce qu’il vient de faire : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire ; Toi donc qui vois les maux où ma Muse s’abîme, De grâce, enseigne-moi l’art de trouver la Rime : Ou, puisqu’enfin tes soins y seraient superflus, Molière, enseigne-moi l’Art de ne rimer plus. […] Le Mérite en repos s’endort dans la paresse : Mais par les Envieux un génie excité Au comble de son art est mille fois monté Plus on veut l’affaiblir, plus il croît et s’élance. […] C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son Art eût remporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon, l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Plus vous étudierez les maîtres et les disciples venus après eux, — pater et juvenes patre digni , et plus vous trouverez qu’ils obéissent au même art poétique, où il est enseigné que la poésie est une imitation des actions, des paroles et des mœurs de nos semblables ; que cette imitation, pour être exacte et fidèle doit être conforme aux mœurs et aux usages des temps dont on parle, et que c’est justement dans la juste expression des caractères que les poètes font paraître cet art de l’imitation qui est un art si charmant, lorsqu’il est fidèle et complet ; même le mensonge est agréable s’il a les apparences de la vérité. […] C’est un art exquis, savez-vous, cet art qui soulève tant de méfiances, et depuis tant de siècles ; cet art également odieux aux philosophes païens et aux sages chrétiens ; odieux à Tertullien, à Sénèque, à saint Jérôme, à Bossuet. Ces dangers même et ces excommunications fréquentes se tournent en louange pour ceux qui mettent la poésie avant toutes choses, et qui placent l’art suprême, au suprême honneur ! — Il faut donc, se dit-on, que cet art dramatique ait en lui-même une puissance énorme, pour agiter à ce point les philosophes, les moralistes, les législateurs, les spectateurs et la critique ? […] En un mot, le grand art de la comédie c’est de plaire, elle peut se soucier du reste.
Où, Louis, rassemblant la France dans Versailles, Régnait, maître absolu des arts et des batailles. […] Dans l’art de juger l’homme et de le définir D’avance ton génie a vaincu l’avenir. […] Portant avec terreur un douloureux regard Sur tes chefs-d’œuvre ; exemple et désespoir de l’art, Victime de la haine et de la calomnie, Peut-être as-tu douté de ton propre génie. […] Assis sur tes lauriers, du geste et du regard Tu fécondes au loin le domaine de l’art, Et tu vois à tes pieds deux Muses que rassemble Ce bas-relief surpris de les trouver ensemble. […] Si des défauts puissants que je frappais au cœur, Votre art désespérait de se rendre vainqueur, Pour voir par la raison l’imposture abattue, Relisez mon Tartufe au pied de ma statue.
Mais la peinture du cœur humain a été l’art de Molière. […] qui t’avait appris cet art, divin Molière? […] Qu’est-ce qui égale Racine dans l’art de peindre l’amour? […] Qu’est-ce qui égale Racine dans l’art des vers? […] Nos mœurs sont plus raffinées, et la satire est exercée avec tant d’art dans la société qu’elle paraîtrait froide sur la scène.
. — État de l’art de la déclamation en France. […] Molière a manqué d’art dans la manière dont il a traité l’incident principal, le vol de la cassette. […] Encore pourrait-on passer par-dessus ces imperfections de l’art en faveur de la force de la satire. […] Il y aurait un vrai sentiment de l’art dans un tel genre, s’il ne devenait pas superficiel et insignifiant. […] Il est vrai que les moyens par lesquels Beaumarchais a réussi, sont quelquefois étrangers à l’art dramatique.
Déjà les Grecs et les Romains sont rentrés dans nos musées : ils serviront aux progrès de l’art, après avoir servi aux progrès de la pensée. […] Personne n’avait songé à Molière, lorsqu’un artiste dramatique amoureux de son art, comme sont tous les artistes supérieurs, M. […] L’amour vrai de son art et de l’humanité ! […] Tous ceux qui aiment les arts et qui révèrent la mémoire de Molière accueilleraient cette souscription avec faveur et s’intéresseraient à ce qu’elle fût rapidement productive. […] Secondement stipule que la somme de 5,000 fr. destinée à l’exécution d’une statue, sera imputée sur le fond affecté aux beaux arts, ci 5,000.
Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse. Despréaux n’oublia pas cette décision de Molière, et en fit un précepte dans son art poétique, chant 4e. Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir les limites. […] Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : « Elle est, leur dit-il, plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression : c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. » Molière était alors de leur société, dont étaient encore La Fontaine et Chapelle, et tous faisaient de continuelles réprimandes à Chapelle sur sa passion pour le vin.