Continuons à nous instruire dans l’art de l’imitateur, en jugeant des imitations dans tous les genres. […] Livrons-nous uniquement au plaisir d’admirer Dufresny dans ses deux dernieres imitations, les seules où nous reconnoissons cet art qu’il avoit, dit-on, pour composer un dessein parfait avec des découpures, des pieces de rapport prises çà & là & réunies, mariées ensuite avec goût : jusqu’à son Dédit, nous ne l’avions que trop vu mutiler des chefs-d’œuvre pour en former des monstres.
Mais ces fautes, qui touchent autant à l’art qu’à la morale, sont trop secondaires pour diminuer en somme l’éclat et la moralité des femmes de Molière. […] Si Molière montre presque toujours les femmes sous un jour moral, ce n’est pas seulement par intention et par conviction ; c’est aussi par art : c’est que la femme ne peut plaire qu’honnête.
Mais sans nous amuser à comparer des bagatelles échappées à deux grands hommes, que la distance de leurs genres met hors de toute comparaison, remarquons plutôt que les deux scenes rapportées dans ce chapitre sont les plus charmantes des ouvrages dont elles font partie : preuve incontestable que nous ne devons rien négliger pour recueillir des richesses étrangeres, lorsque nous aurons l’art de les fondre avec adresse dans nos productions.
Ce jugement, encore plus étrange que le succès, puisqu’un homme de l’art doit s’y connaître mieux que les autres, ne servit qu’à offenser Racine, et ne sauva pas Germanicus de l’oubli; mais Boursault fut plus heureux dans la comédie. […] Si l’on n’était convaincu par des exemples très-récents que des gens qui impriment journellement savent pas même de quels auteurs a parlé Boileau dans l’Art poétique, on ne concevrait pas que dans une feuille périodique on ait attribué tout à l’heure à un avocat de nos jours, comme une chose toute nouvelle, un trait si frappant d’une pièce aussi connue que l’Ésope à la cour, de Boursault. […] Ce sont des épîtres et des satires remplies d’imitations des anciens, et surtout d’Horace et de Juvénal: la versification en est souvent négligée, prosaïque, incorrecte ; il y a même des fautes de mesure et de fausses rimes, qui font voir que l’auteur, devenu poète par instinct, n’avait guère étudié la théorie de l’art des vers ; mais parmi tous ces défauts il y a des vers heureux et des morceaux faciles et agréables.
Enorgueillissons-nous, si nous le voulons absolument, d’avoir poussé plus loin que les Anciens l’art dans les pieces à caractere ; mais ne nous flattons pas d’avoir créé ce genre, comme si nous ignorions que nous devons aux Espagnols le premier caractere qui ait paru sur notre scene.
Il n’est point de serpent ni de monstre odieux Qui par l’art imité ne puisse plaire aux yeux.
2º Elle est antérieure au départ du roi pour l’armée de Flandre, qui eut lieu à Saint-Germain, au mois de mai de la même année, suivant L’Art de vérifier les dates.
Quel tour de force dans l’art de tout dire et de le bien dire, cette scène du premier acte, et la seconde scène du quatrième poussée à bout, la prude Armande consent enfin à se donner à Clitandre, qui la refuse. […] Quelle est amusante sous la robe de ce soi-disant médecin, que son art a maintenu si jeune, lorsqu’elle conseille à Argan de se faire couper un bras pour que l’autre profite mieux, et qu’elle rapporte tous ses prétendus maux au poumon !
Jourdain cette morale qui, dit-il, est l’art « de modérer ses passions (14). » Mais, après tout, un principe et une méthode ne suffisent pas pour faire vivre même une école. […] Voir dans le précédent article la réfutation de la théorie l’art pour l’art, appliquée au théâtre de Molière.
La cruelle langueur dont j’ai pensé mourir, Qu’aucun art ne pouvoit connoître ni guérir, L’amour en étoit seul l’origine secrete ; Et de lui dépendoit ma guérison parfaite.