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5. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Il n’avait pas manqué de s’apercevoir que plusieurs des actions de Lélie n’étaient point des étourderies, mais de simples incidents comiques, propres à mettre en jeu l’imagination et activité de Mascarille ; et il crut pallier cette espèce de faute, en accolant deux titres, dont l’un indiquât les effets du caractère, et l’autre les combinaisons de l’intrigue. […] Il n’a pas pris, dans la pièce italienne, une seule phrase, une seule expression remarquable : il faut bien qu’il ne l’y ait pas trouvée ; car déjà sans doute il ne manquait ni de discernement pour l’apercevoir, ni de hardiesse pour se l’approprier. […] Dans cette seconde pièce, le théâtre ne reste jamais absolument vide, si l’on admet que la liaison des scènes n’est point interrompue, lorsque deux personnages se sont succédé, sans que l’un ait entretenu l’autre, mais non pas sans qu’il l’ait aperçu.

6. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Quel sujet sera assez fécond pour lui fournir ces aperçus profonds, ces saillies qui décèlent de nouvelles découvertes dans le cœur humain ? […] Quel esprit pénétrant pour saisir les nuances, les aperçus fugitifs d’un vice ou d’un ridicule, quelque passager qu’il paraisse ! […] Mais quelle difficulté de rassembler dans une action unique toutes les nuances qui n’ont pu être aperçues que dans une multitude de circonstances ; de savoir réunir ce qu’elles ont de plus intéressant ! […] Dans nos plus grands maîtres, il y a des invraisemblances ; et cependant à la lecture, à la représentation, elles échappent ; ce n’est qu’après un examen approfondi qu’on les aperçoit.

7. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Nullement ; Zaïre même a glissé dans l’oubli : au-dessous de cette demi-douzaine de pièces qui figurent le répertoire de Corneille et de Racine, je n’aperçois rien, rue de Richelieu, qui ressemble à une tragédie. […] Oui vraiment, l’année dernière et cette année, voici Le Menteur et Les Plaideurs ; voici, répartis sur l’une et l’autre, à peu près les mêmes ouvrages de Molière que nous avons vus là-bas ; seulement, au lieu du Bourgeois gentilhomme, d’Amphitryon et des Précieuses, nous apercevons Monsieur de Pourceaugnac, L’École des maris et Sganarelle : ne pouvait-on nous montrer le tout ? […] Barral ; derrière Mmes Crosnier, Régis et Marie Samary, j’aperçois Mlles Rachel Boyer, Real et Nancy Martel ; le reste ! […] Il y a deux ans déjà, nous avons signalé le mal : s’aperçoit-on qu’il est temps d’y porter remède ?

8. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Elle tint compte de l’observation, et le public ne s’aperçut en rien de cet incident de coulisses, car le chroniqueur Loret déclare qu’on ne saurait jouer avec plus de naturel qu’elle ne fit. […] Comme elle étoit jeune quand je l’épousai, je ne m’aperçus pas de ses méchantes inclinations, et je me crus un peu moins malheureux que la plupart de ceux qui prennent de pareils engagemens. Aussi le mariage ne ralentit point mes empressemens ; mais je lui trouvai tant d’indifférence que je commençai à m’apercevoir que toute ma précaution avoit été inutile et que tout ce qu’elle sentoit pour moi étoit bien éloigné de ce que j’aurois souhaité pour être heureux. […] Mais je n’eus que trop de moyens de m’apercevoir de mon erreur ; et la folle passion qu’elle eut, peu de temps après, pour le comte de Guiche, fit trop de bruit pour me laisser dans cette tranquillité apparente. […] Je m’attachois sans crainte à servir la princesse, Fier de mes cheveux blancs et fort de ma faiblesse ; Et, quand je ne pensois qu’à remplir mon devoir, Je devenois amant sans m’en apercevoir.

9. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

. — Ainsi donc ces fruits du génie, ayant perdu le duvet et la fleur, nous sont vainement offerts : si quelques autres, de même qualité environ, restent dans le fruitier, qui s’en aperçoit ? […] Ou, réciproquement, tel ridicule qu’on croirait appartenir à ce temps-là, on s’aperçoit avec malice qu’il est encore de ce temps-ci : celui, par exemple, de l’homme qui fait ses embarras au spectacle. […] Maubant déclamait le rôle de Psyché, on ne s’apercevrait pas du changement. — Mais ces menus agrémens, à travers cinq actes de mythologie héroïco-galante, est-ce de quoi nous tenir enchantés ?

10. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Le bon sens a des pieds, il n’a pas d’ailes ; l’âme humaine est faite pour apercevoir au-dessus de lui des horizons qu’il n’ouvre pas. […] L’un faisait des vers, l’autre de la prose ; celui-ci une comédie, celui-là une tragédie ; chacun secouait une branche de l’arbre, et personne n’avait aperçu le tronc ; personne n’avait conscience de la sève circulante, de la vie intérieure, de la végétation une et ardente. […] N’ayant pas pénétré dans l’intime de nos souffrances, elle n’aperçoit pas le remède dont le secret est toujours caché dans la cause du mal.

11. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Il a aperçu une jeune fille qui travaillait modestement sur son balcon et il lui a fait un salut ; la jeune fille, surprise et rougissante, l’a salué à son tour ; et voilà ces deux cœurs qui se sont engagés sur une révérence. […] Du moment qu’il adoptait pour la marche de sa pièce les récits successifs d’Horace et d’Arnolphe, il fallait bien qu’Arnolphe eût un double nom ; autrement Horace se serait aperçu que l’Arnolphe qu’il connaît est en même temps celui d’Agnès et il ne l’eût pas pris pour confident. […] Est-il acceptable, je vous le demande, si la question d’éducation avait été mise en jeu, que personne ne l’eût aperçue, que personne ne l’eût signalée, et peut-on supposer que Molière, qui prenait justement la parole, n’en eût pas dit un mot ? […] Est-ce qu’on pourrait y apercevoir une question d’éducation, telle que nous l’entendons aujourd’hui ?

12. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Arlequin met dans sa poche la clef de sa porte et celle de la chambre de Trivelin, sans s’apercevoir de l’échange, et part. […] Se trouvant au souper du roi, Dominique avait les yeux fixés sur un certain plat de perdrix ; Louis XIV, qui s’en aperçut, dit à l’officier qui desservait : « Que l’on donne ce plat à Dominique. […] Sans qu’il s’en aperçoive, l’Arlequin butor lui dérobe les deux guitares : nouvelle surprise ; enfin, on lui remet la sienne en place.

13. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Quelle imagination prompte et féconde, quelle tête riche en aperçus et en intentions comiques, que celle d’où pouvait sortir, en si peu de temps et à commandement (ici l’expression est rigoureusement juste), une comédie, même la plus courte et la moins chargée d’incidents ! […] La fausse et odieuse interprétation donnée par Rousseau au dessein qu’avait eu Molière en composant Le Misanthrope, fit rechercher depuis, quel avait été véritablement ce dessein Rien n’est plus facile à apercevoir. […] Il y a, dans les autres, plus ou moins de véritable comédie ; on y aperçoit de légères esquisses de caractères, de ridicules et de mœurs réelles. […] Le scrupule de Boileau n’est donc point fondé, et il est difficile d’y voir autre chose que l’excessive délicatesse d’un adorateur de l’antiquité, un peu trop empressé peut-être à blâmer chez les modernes ce dont il n’apercevait pas d’exemples chez les anciens.

14. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [63, p. 100-101] »

Il ne s’aperçut de son étourderie, que par les ris246 inextinguibles du brouetteur247, et parce qu’il se vit tout crotté en arrivant.

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