C’est ainsi que, de nos jours, quand le retour de l’ancienne maison de France imposa l’obligation de renier, de détester tout le passé, quand ce n’était pas assez de le mettre en oubli, qu’il fallait en avoir horreur, les romans de Walter Scott, où étaient peintes des mœurs inconnues, acquirent en France une vogue inouïe et contribuèrent au grand changement qui s’opéra alors dans les idées et dans la littérature. […] Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts. […] La jeunesse ignorante et curieuse, à qui l’on assure que son ignorance est plus près du savoir que les bonnes notions acquises par la génération qui la précède, se précipite dans les écoles, flattée de franchir l’espace qui la sépare de cette génération avancée, de gagner même un rang sur elle, de la laisser en arrière, empêtrée qu’est celle-ci dans les anciennes traditions.
Eh bien, pour vous détromper, lisez notre Théâtre ancien : vous y trouverez des églogues, des satyres, des portraits à la suite l’un de l’autre, sans aucune liaison, & des romans mis en action. […] Dufresny a dit : « Ce n’est pas étendre la carriere des Arts que d’admettre de nouveaux genres ; c’est gâter le goût ; c’est corrompre le jugement des hommes, qui se laisse aisément séduire par les nouveautés, & qui, mêlant ensuite le vrai avec le faux, se détourne bientôt, dans ses productions, de l’imitation de la nature, & s’appauvrit en peu de temps par la vaine ambition d’imaginer & de s’écarter des anciens modeles ». […] Voilà, dans peu de mots, l’histoire de la décadence de la comédie, & de sa chûte à Athenes, dans l’ancienne, dans la moderne Rome, & à Paris. […] Etudiez nos Auteurs, vous verrez que les ennemis de l’ancien genre, du bon comique, se déchaînent contre lui, parcequ’ils se sentent hors d’état de le traiter avec succès.
J’eus donc à m’occuper des questions de sources et d’origine, et je m’attachai notamment, en usant des documents assemblés par mes devanciers et en tâchant d’y ajouter ma quote-part, à constater et à faire ressortir les relations très nombreuses qui existent entre l’ancienne comédie italienne et le théâtre de Molière. […] Il garda aussi l’ancien nom, mais adouci, et s’appela Polecenella. […] Les ouvrages de Louis Riccoboni dit Lelio, dans la première moitié du dix-huitième siècle, l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait en 1753, celle de Des Boulmiers en 1769, les Annales d’Antoine d’Origny en 1788, les études de Cailhava d’Estandoux, faites précisément au même point de vue que le mien, constituent toute une série de travaux d’histoire et de critique littéraire, qui témoignent que c’est déjà d’ancienne date que l’attention s’est portée en France sur cette sorte d’invasion comique que je vais décrire à mon tour.
Elle compta, outre le jeune directeur et sa femme, plusieurs des anciens Gelosi, entre autres : Giovanni-Paolo Fabri, connu sous le nom de Flaminio, et Nicolo Barbieri, originaire de Vercelli, qui avait déjà commencé à se faire connaître sous celui de Beltrame da Milano. […] Cette dédicace donna à la reine le désir de connaître la troupe dirigée par le fils de ses anciens protégés. […] Les anciens masques satiriques devinrent des personnages de féerie. Les Fêtes théâtrales, dans lesquelles tous les genres se confondaient, remplacèrent et la comédie et la pastorale, et l’opera musicale proprement dit, et même l’ancien mystère ou tragédie sacrée.
Les anciens poètes, dit le P. […] C’étoit une des plus anciennes actrices de l’Hôtel de Bourgogne en 1674. […] C’étoit la plus ancienne comédienne de l’Hôtel de Bourgogne en 1674. […] C’étoit le plus ancien comedien de la troupe de l’Hôtel de Bourgogne en 1674. […] René Rapin, Réflexions sur la poétique d’Aristote et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes.
Guidé d’ailleurs par l’exemple des anciens et par leur manière de mettre en œuvre, il a peint la cour et la ville, la nature et les mœurs, les vices et les ridicules, avec toutes les grâces de Térence* et le feu de Plaute*. […] Dans ses comédies d’intrigues, il y a une souplesse, une flexibilité, une fécondité de génie dont peu d’anciens lui ont donné l’exemple. » « Il a su allier le piquant avec le naïf, le singulier avec le naturel ; ce qui est le plus haut point de perfection en tout genre. […] Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?
Nos voisins, corrigés par nos bons modeles, & riches des traductions ou des imitations de nos meilleures pieces, sont honteux pour nous de nous voir ramasser chez eux avec soin les rapsodies, les extravagances que nos anciens chefs-d’œuvre les instruisirent à mépriser. […] La postérité comptera parmi nous dix Peintres fameux, autant de Sculpteurs, autant d’Architectes illustres, & dira : « Tant d’Artistes distingués n’ont pu faire des progrès, qu’au sein d’un pays où les talents naissants trouvent des ressources gratuites chez des Maîtres entretenus par la générosité du Monarque ; tant d’Artistes distingués n’ont pu se perfectionner, que dans un pays où l’Eleve, parvenu au point de laisser entrevoir la moindre étincelle de génie, est envoyé à grands frais dans l’ancienne patrie des beaux arts, peut s’y enrichir des plus belles connoissances, & revenir, précédé de sa réputation, dans la capitale pour être accueilli dans le palais des Rois. » Qui pourroit ne pas voir toute l’utilité du plus respectable des établissements, de cette Ecole d’honneur, de bravoure, dans laquelle est admis quiconque puise dans un sang noble l’ardeur de défendre sa patrie ? […] Vous lisez les ouvrages des anciens : le desir de vous illustrer sur la scene s’empare de votre cœur ; il vous dévore ; vous lui sacrifiez vos veilles : elles ne sont pas infructueuses ; vous enfantez une piece ; vous la présentez ; vous demandez une lecture ; souvent vous attendez la réponse pendant quatre ans ; l’impatience vous prend ; vous renoncez à une carriere si désagréable, ou bien l’incertitude vous tient long-temps dans l’oisiveté. […] Quant à nos Comédiens actuels, je suis sûr que les trois quarts & demi gémissent de la chûte du théâtre ; qu’ils donneroient tout au monde pour le voir dans son ancienne gloire, & qu’on peut leur reprocher tout au plus cette foiblesse, cette indolence avec laquelle ils souffrent que deux ou trois esprits remuants profitent des abus anciens pour en glisser de nouveaux, qu’ils en imposent à leurs supérieurs trop occupés d’affaires plus importantes, qu’ils bouleversent les anciens réglements62, ou s’en fassent à leur guise pour persécuter leurs camarades & rebuter les Auteurs. […] — Les pieces anciennes : elles valent bien les nouvelles. — D’accord.
Cette opinion sur l’abus qu’on peut faire des censures exercées contre l’hypocrisie, et sur la malignité des intentions qui généralement les inspirent, cette opinion est très ancienne dans l’église, et elle s’appuie sur l’autorité des noms les plus respectés. […] La pièce de Plaute amusa longtemps l’ancienne Rome ; et, s’il en faut croire Arnobe, plusieurs siècles encore après la mort de l’auteur, on la jouait dans les temps de calamité publique, afin d’apaiser la colère de Jupiter. […] Madame Dacier est la seule qui n’en soit pas convenue ; mais pouvait-on exiger qu’elle fût juste envers un moderne qui avait eu l’audace de lutte contre un ancien, surtout quand cet ancien avait été traduit et commenté par elle5 ? […] Bayle, exempt de tout préjugé, même littéraire, et adorateur des anciens sans superstition, Bayle proclama hautement le triomphe du comique français sur le comique latin. « Molière, dit- il, a pris beaucoup de choses de Plaute ; mais il leur donne un autre tour ; et, s’il n’y avait qu’à comparer les deux pièces l’une avec l’autre pour décider la dispute qui s’est élevée depuis quelque temps sur la supériorité ou l’infériorité des anciens, je crois que M.
« Il n’y a pas dans la langue provençale, ancienne ou moderne, un seul mot qui commence par ce préfix2 caractéristique S si fréquent en italien (sconcertare, sforzato, sgalante, sgomento, etc.) […] Je le soupçonne fort, révérence parler, de ne connaître pas d’autre « langue provençale, ancienne ou moderne, » que celle de Mirèio, et encore ! […] Fritsche connaissait le provençal, « ancien ou moderne », autrement que par ouï-dire, il ne se serait pas exposé à ce qu’on lui apprenne que la série des mots à « préfix S » n’occupe pas moins de plusieurs colonnes dans le supplément du Lexique roman de Raynouard, et que ces mots ne sont pas tous là, comme on peut s’en convaincre en ouvrant les Dictionnaires destinés à compléter ce Lexique. […] Il faut ignorer « la langue provençale, ancienne ou moderne », comme je l’ignore, pour avoir eu l’absurde idée d’admettre un seul instant que Molière aurait, apparemment, pris dans le Bas Languedoc, plutôt qu’en Italie, ce nom de Sganarelle qu’il y trouvait tout fait !
L’Auteur, après avoir desiré de voir naître un poëte comique, s’exprime ainsi : « Ce philosophe s’assujettiroit sans doute aux conventions de son temps, au ton général qu’il trouveroit établi : les changements arrivés dans les usages lui indiqueroient ce qu’il faut saisir, ce qu’il faut éviter : il ne s’aviseroit pas d’évoquer les manes burlesques29 des frippons d’Athenes & des Merlins, personnages fameux sur nos anciens treteaux. […] Il oublie son ancienne maîtresse, achete l’esclave pour le prix de quarante mines : comme il n’a point cette somme, il implore le secours d’un charitable usurier, qui prête les quarante mines, à condition qu’on lui paiera un gros intérêt, & qu’il sera nanti de l’esclave jusqu’au parfait paiement. […] Telles sont celles de Dave dans l’Andrienne de Térence ; telles sont celles de presque toutes les pieces anciennes que nous avons citées. […] Nous avons dit en passant que les Anciens avoient le défaut de ne pas faire dénouer leurs pieces d’intrigue par l’intriguant même ; nous ne pouvons nous déguiser que nos pieces dans ce genre ont le même vice.