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141. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Le tyran veut contraindre Flaminia à lui donner la main ; cette Princesse, destinée à Mario qu’elle aime, refuse constamment l’usurpateur, & l’irrite au point qu’il la fait conduire dans une île déserte, où elle est exposée à des monstres qui doivent la dévorer. […] Arlequin lui dit qu’il aime mieux Argentine que toutes les Princesses.

142. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

L’amour voudroit le ramener vers sa femme ; mais le préjugé à la mode & la crainte de se donner un ridicule en avouant son amour, le retiennent ; il devient cependant jaloux de celle qu’il feint de n’aimer point, il l’outrage. […] Lorsque nous avons cru nous aimer l’un & l’autre, Nous nous sommes trompés. . . . . . . […] tout ce qui vient de ce qu’on n’aime plus Dégénere en offense, & se tourne en injure.

143. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Heureusement pour la Demoiselle le jeune homme qu’elle aime est cousin du Journaliste. […] Eraste est l’amant aimé d’Orphise ; mais Damis, oncle & tuteur de la belle, s’oppose à leur bonheur. […] Eraste veut, en attendant Orphise, composer quelques vers sur un air qu’elle aime ; il est interrompu par deux femmes qui se disputent sur la cause & les effets de la jalousie, & le prient de décider.

144. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Pour moi, qui aime la vie réglée, je vais m’établir solidement. […] Mon maître aime la pauvreté. […] De là toutes ces scenes dans lesquelles Harpagon, en contradiction avec lui-même, lutte entre sa tendresse pour celle qu’il aime, & son argent qu’il adore : de là ces scenes plus belles encore, où Harpagon prête, au plus gros intérêt, à un enfant de famille qui lui promet que son pere mourra bientôt, & dans lesquelles l’Avare, après avoir reconnu son fils pour l’emprunteur, ne voit aucune honte dans le métier d’usurier, & trouve qu’on se déshonore en faisant des dettes usuraires, quelque nécessité qu’on éprouve.

145. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Si malgré tes efforts, tes succès, tes lauriers, Des vices dont gémit notre humaine faiblesse Tu ne corrigeas pas l’incorrigible espèce, Laissant sur nos défauts tomber tes traits railleurs, Dans l’emploi périlleux de nous rendre meilleurs Prêtant ton éloquence à la plus noble cause, J’aime que ton courage à le tenter s’expose : Mais de la vérité les dangereux accents Ont armé contre toi la horde des méchants. […] que j’aime à voir le ridicule Expirer à tes pieds sous les flèches d’Hercule ! […] J’aime à le voir, surtout, poursuivant dans ses vers L’altière ambition à la bassesse unie, Attaquer des grandeurs la coupable manie.

146. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Ce n’est donc pas le Molière que nous aimons et que nous admirons qui a été si cruellement touché par Bossuet : c’est une sorte d’idéal de comédien sans mœurs, sans honneur, sans valeur même littéraire, que Bossuet démêlait dans tout le fatras oublié des contemporains de Molière, et que nous ne voyons plus aujourd’hui. […] Certes, il a aimé l’honnêteté et l’honneur : son honnête homme est accompli de cœur et d’esprit ; il pousse la délicatesse de la vertu jusqu’à l’extrême, et la minutie du devoir jusqu’au détail le plus puéril en apparence ; son horreur du vice est vigoureuse, et en même temps sa charité indulgente. […] Il n’a pas prévu que ceux qui venaient à son théâtre n’auraient certainement pas un sens comme le sien pour discerner partout le bon et le mauvais ; que, quand même ils l’auraient, ils ne songeraient pas à s’en servir dans leur enivrement de gaieté ; et qu’enfin ils en viendraient vite à excuser, à aimer une si joyeuse et séduisante immoralité. […]   Aimé Martin, Œuvres de Molière, 1823-1826.

147. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Est-ce là, je le demande, admirer, aimer, honorer Molière ? […] Ainsi c’est un caractère que d’être avare ou hypocrite, parce que ces passions marquent d’une façon, originale l’homme qui en est atteint  : un avare ne mange pas, n’aime pas, n’agit pas comme un prodigue. […] Mais elle est aimée d’un jeune homme, nommé Félix, et elle en aime un autre, nommé Alvar. […] Exemple  : l’Ecole des Femmes  : un homme âgé veut épouser une jeune fille, et tous ses soins, toutes ses attentions amoureuses ou jalouses n’aboutissent qu’il se faire haïr, tandis qu’un jeune homme n’a qu’à paraître pour se faire aimer. […] Mais ce qu’il n’aime pas de la religion, c’est ce qui s’oppose à la philosophie dont il est ; c’est le principe sur lequel toute religion digne de ce nom repose ; et c’est la contrainte surtout qu’elle nous impose.

148. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Il était jeune ; il aimait le plaisir, et il ne voyait pas de si loin. […] D’ailleurs, nul n’aime à flétrir soi-même ce qui a l’apparence de ses principes, fût-ce une flatteuse apparence, de même que l’on ne repousse pas la flatterie, même lorsqu’on sait qu’elle est la flatterie. C’est pourquoi les dévots auront toujours quelque faible pour les hypocrites et n’aimeront pas les voir attaquer. […] Quoi qu’il en soit, et tout en reconnaissant le mérite des méthodes savantes de notre théâtre, on aime à rencontrer une œuvre qui par le hasard des circonstances, plus que par l’intention expresse de Molière, doit toute sa beauté à sa liberté. […] De plus, si, comme on le dit, Molière a pensé à lui-même dans son portrait d’Alceste, croit-on qu’il eût aimé à se tourner en ridicule si ce ridicule eût été du genre qui flétrit et qui abaisse, et non de ce genre qui se concilie avec la dignité de l’homme ?

149. (1871) Molière

Molière Des poètes français, Molière, après La Fontaine, est le plus célèbre, il est le plus aimé. […] Dans cette enceinte illustre où le jeune Arouet viendra plus tard, le nouveau venu rencontra parmi tant de condisciples qui l’ont aimé et protégé plus tard, le filleul du cardinal de Richelieu, le prince Armand de Conti, frère du duc d’Enghien, disons mieux, du grand Condé ! […] Elle avait espéré quelque temps qu’elle serait reine de France ( vous êtes roi, vous m aimez, et je pars ) : il fallut renoncer à ce vaste espoir par l’ordre même du cardinal. […] On a dit que Molière aimait à consulter sa servante Laforest, et qu’il lui lisait ses ouvrages, honneur qu’il fit une seule fois à mademoiselle de Lenclos. […] cet ami du peuple aurait été bien malheureux, si quelqu’un lui eût prédit que ses restes mortels seraient insultés par ce peuple qu’il avait tant aimé.

150. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Sa femme en attira une meilleure encore, se fit aimer et admirer par des personnes du premier rang, qui l’attirèrent dans leur maison, notamment le maréchal d’Albret ; il était devenu amoureux d’elle n’étant encore que comte de Miossens ; il la fit connaître à la maréchale, dont elle gagna la confiance et la tendre estime. […] Il ne suffisait pas encore d’y être aimable, il fallait l’être pour la société entière, et ne l’être pour personne en particulier ; il fallait aimer tout le monde, pour être aimée de tout le monde ; ne pas avoir d’amant, pour n’avoir pas d’ennemis ; ne pas faire un heureux, pour ne pas faire vingt jaloux et mille détracteurs.

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