En composant ses œuvres, il a eu surtout en vue d’amuser le public ; mais il a jugé que la meilleure manière d’atteindre ce but était de représenter l’humanité dans ses principaux travers ; et cette représentation s’est trouvée si profonde et si parfaite, qu’elle est devenue un haut enseignement psychologique. […] C’est ce tableau de la déraison inconsciente, de la folie humaine représentée avec tous ses caractères essentiels et accessoires, ainsi que sous ses formes les plus variées, que Molière a exposé dans ses comédies avec une perfection et une profondeur de vue remarquables. […] Aussi, quand il demande un conseil sur la manière de voir que lui ont imposée ses sentiments et ses passions, c’est simplement une approbation qu’il sollicite, parce qu’il est persuadé qu’on ne peut que louer ses vues. […] La vue de cette personne si affectueuse et dont il cause le malheur ne saurait l’attendrir, puisqu’il est dénué de tous les sentiments humains ; mais elle devient une circonstance qui met en relief un côté de ses mauvais instincts. […] Sosie est tellement impressionné par les menaces terribles de son maître et par la vue de son bâton levé sur sa tête, qu’il lui semble avoir été battu, si bien qu’un instant après, s’adressant aux témoins de cette scène, il leur dit : « M’a-t-il frappé ?»