Sur ce point, l’auteur de Zélinde nous renseigne encore : « A peine les personnes dont je vous viens de parler étoient-elles sorties, que j’ai ouï la voix d’un homme qui crioit à son cocher d’arrêter, et le maître, qui paraissoit un homme de robe », a crié à Elomire : « Il faut que vous veniez aujourd’hui dîner avec moi ; il y a bien à profiter : je traite trois ou quatre turlupins, et je suis assuré que vous ne vous en retournerez pas sans remporter des sujets pour deux ou trois comédies. » Elomire est monté en carrosse sans se faire prier. […] Ce qui est certain, c’est que son mal siégeait dans la poitrine, qu’il avait une toux continuelle, des oppressions, des extinctions de voix, enfin que, par surcroit, il souffrait de l’estomac, et sur la fin de sa vie, ne pouvait plus se nourrir que de lait. […] Le médecin Jean Bernier, d’ailleurs fort en colère contre lui, ne peut s’empêcher de dire : « Il étoit encore meilleur acteur que bon auteur ; il avoit, comme on dit, son visage dans ses mains. » De Visé est encore plus explicite : « Il étoit tout comédien, depuis les pieds jusqu’à la tête ; il sembloit qu’il eût plusieurs voix ; tout parloit en lui, et d’un pas, d’un sourire, d’un clin d’œil et d’un remuement de tête, il faisoit concevoir plus de choses que le plus grand parleur n’auroit pu dire en une heure. » A ces qualités supérieures il joignait des talens qui, de nos jours, feraient la fortune de plusieurs acteurs.