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145. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

À l’astrologue qui lui reproche de « donner de mauvaises plaisanteries » : « Vous en parlez fort à votre aise, et le métier de plaisant n’est pas comme ce ira de l’astrologue Bien mentir et bien plaisanter sont deux choses fort différentes, et il est bien plus facile de tromper les gens que de les faire rire. » De l’homme de mérite de la pièce, Sostrate, il dit très sagement en faisant le fol : « En vérité, c’est un homme qui me revient, un homme fait comme je veux que les hommes soient faits : ne prenant point des manières bruyantes et des tons ; de voix assommants ; sage et posé en toutes choses ; ne parlant jamais que bien A propos ; point prompt à décider ; point du tout exagérateur incommode ; et, quelques beaux vers que nos poètes lui aient récités, je ne lui ai jamais ouï dire : « Voilà qui est plus beau que tout ce qu’a jamais fait Homère ». […] On a quelquefois, Ferdinand Brunetière surtout et avec un admirable talent, - présenté Molière comme un philosophe de la nature, se rattachant à Rabelais d’une part et à Diderot, et un peu à Mousseau de l’autre, comme un homme qui croit à la bonté infaillible de la nature, qui fait de la nature notre vrai et sûr guide et qui veut ramener l’humanité à la nature et à obéir toujours à sa voix. […] À la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des cieux ?

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