Il prête, en effet, cette fière réponse à Cléon, que l’un de ses faux amis engage à vivre désormais d’emprunts : Les hommes tels que moi tombent dans la misère, Mais ne dégradent pas leur noble caractère. […] Elles attisent sans cesse chez lui l’ardeur de les accroître, et le font vivre dans de perpétuelles angoisses par la crainte qu’il a de les perdre. […] Sa pièce de Nanine, qui seule est restée au théâtre et qui participe moins de ce genre que du drame, mérite néanmoins de fixer l’attention, non parce que les beaux sentiments dont elle offre la peinture reproduisent les mœurs du temps (on vivait alors sous le règne de la Pompadour, c’est tout dire), mais parce qu’elle signale ce mouvement rapide imprimé par la philosophie moderne à la marche des idées, et les changements extraordinaires qu’elle avait opérés déjà dans certains esprits. […] Alceste, par son caractère, est porté à fuir les hommes; il en a formé le dessein; il ne les fuit pas cependant, il continue de vivre au sein de ce monde pervers, objet de ses mépris. […] Une des principales difficultés du rôle est de concilier cette chaleur, cette énergie de débit et d’action, avec le ton et l’extérieur d’un homme de cour qui, bien qu’il s’affranchisse et fasse une critique amère de l’étiquette et des devoirs qu’elle impose, n’en doit pas moins conserver la tenue et les manières nobles le cette haute société dans laquelle il a l’habitude le vivre.