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118. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Une tradition bien connue rapporte qu’à Pézenas il s’en allait, les jours de marché, s’installer dans la boutique d’un barbier, et que, assis dans un grand fauteuil, il écoutait, il regardait, tandis que bourgeois et manants, gentilshommes campagnards et beaux de petite ville bavardaient autour de lui. […] Bien avant, Chappuzeau l’avait montré «  d’une conversation si douce et si aisée, que les premiers de la cour et de la ville étaient ravis de l’entendre. » De fait, celui qui, dans le Misanthrope, définit l’amitié avec une conviction si sérieuse et si ferme, eut beaucoup d’amis, et qui comptent parmi les personnes les plus illustres, ou les plus dignes d’estime de son temps. […] Il se résigne alors à essayer du comique, et on l’y trouve excellent ; selon Chalussay, la petite ville se pâme d’aise dès qu’il paraît. […] Lui-même nous apprend qu’à Vaux, avant les Fâcheux, il « parut sur le théâtre en habit de ville, et, s’adressant au roi avec le visage d’un homme surpris, il Gt des excuses en désordre sur ce qu’il se trouvoit là seul et manquoit de temps et d’acteurs pour donner à Sa Majesté le divertissement qu’elle sembloit attendre. » Une autre fois, à Versailles, il imagine de faire un marquis ridicule cherchant une place sur le théâtre et engageant une conversation avec une marquise placée dans la salle.

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