Arrivé à Lyon7, le nouveau directeur fait donner L’Étourdi ; il obtient le plus grand succès : la troupe qui était dans cette ville est abandonnée, ses acteurs se dispersent, les meilleurs demandent de l’emploi à Molière. […] Habits d’été, d’hiver, de printemps, de cour, de ville, de campagne, de deuil, tous ont pris l’air : Montrez-nous des talents, et non pas des habits. […] Sbrigani, fourbe plus adroit que tous ceux de l’antiquité, est remercié par sa victime, des soins qu’il s’est donnés pour elle, et le malheureux Pourceaugnac s’écrie, en l’embrassant, voilà le seul honnête homme que j’aie trouvé en cette ville . […] Alors les comédiens de la rue Guénégaud, persuadés que Les Amants magnifiques pourraient avoir à la ville le même succès qu’ils avaient eu à la cour douze ans avant, montèrent la pièce à grands frais, mais en pure perte. […] Voici ce que les Nestors du pays en racontent ; ils disent : Que pendant le temps que Molière habitait Pésenas, il se rendait assidûment, tous les samedis, jours du marché, dans l’après-dînée, chez un barbier de cette ville dont la boutique était très achalandée ; elle était le rendez-vous des oisifs, des campagnards et des agréables qui allaient s’y faire calamistrer : or, vous savez qu’avant l’établissement des cafés dans les petites villes, c’était chez les barbiers que se débitaient les nouvelles, que l’historiette du jour prenait du crédit, et que la politique épuisait ses combinaisons.