Le scrupule grammatical, qui gêne le développement des autres branches de la poésie française, convient parfaitement à la comédie ; là du moins la versification n’a pas besoin de s’écarter du langage habituel ; ce qu’on lui demande n’est pas de donner au dialogue plus d’élan et de dignité, de l’élever au-dessus de la vie réelle, c’est seulement de le rendre plus vif et plus élégant. […] Quant à moi, j’avoue que j’estimerais fort son talent, lors même qu’il n’aurait écrit autre chose que Don de Cocagne, farce excellente, folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit de fantaisie si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, allant quelquefois jusqu’à une sorte de délire, mais ne cessant jamais d’être légère et inoffensive. […] Les esprits vifs et enjoués qui se vouent maintenant à ce genre sont peu connus hors de Paris, et ne s’en mettent guère en peine. […] Cette expression ne dénote pas du moins un sentiment bien délicat de la dignité et de la grâce, que dans une représentation idéale, telle que veut être celle de la tragédie française, on doit toujours conserver, même au milieu des plus vifs emportements des passions.