Sans ce métier fatal au repos de ma vie, Mes jours, pleins de loisir couleraient sans envie, Je n’aurais qu’à chanter, rire, boire d’autant ; Et comme un gras Chanoine, à mon aise, et content, Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire, Mon cœur exempt de soins, libre de passion, Sait donner une borne à son Ambition, Et suivant des grandeurs la présence importune, Je ne vais point au Louvre adorer la Fortune : Et je serais heureux, si, pour me consumer, Un destin envieux ne m’avait fait rimer. […] Tous les jours malgré moi, cloué sur un ouvrage, Retouchant un endroit, effaçant une page, Enfin passant ma vie en ce triste métier, J’envie en écrivant le sort de Pelletier. […] La mort seule ici bas, en terminant sa vie, Peut calmer sur son nom l’injustice et l’envie, Faire au poids du droit sens peser tous ses écrits, Et donner à ses vers leur légitime prix.