Comme la médisance est un vice, il était nécessaire qu’à la fin de la comédie, elle eût quelque sorte de punition : et l’auteur a trouvé le moyen de la punir, et de lui faire en même temps soutenir son caractère. […] Molière ne devait point oublier que le but du poète étant d’instruire et de corriger les mœurs, il ne doit jamais donner des exemples du vice ; il a donc sacrifié les mœurs à l’esprit, et son devoir à son génie. […] Si le poète ne doit pas s’en rapporter aux seules réflexions des spectateurs, et à l’horreur qu’ils en doivent ressentir à la vue d’un vice semblable ; et s’il est nécessaire que lui-même il le corrige dans sa pièce, il doit le premier en être frappé. […] L’entêtement d’Orgon, qui s’accroît à mesure qu’on cherche à le détruire, donne lieu à cette scène si singulière et si admirable du IVe acte, que la nécessité de démasquer un vice aussi abominable que l’hypocrisie rendait indispensable. […] On voulait même que cette grâce fût personnelle ; mais Sa Majesté, qui savait par elle-même que l’hypocrisie était vivement combattue dans cette pièce, fut bien aise que ce vice, si opposé à ses sentiments, fût attaqué avec autant de force que Molière le combattait.