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19. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Comme en outre il était grondeur et bourru, surtout avec ses inférieurs, ces défauts semblaient repousser l’apparence même des vices de cour, et promettre des vertus qu’il avait très-réellement, mais qu’il gâtait à la fois par un grand faste en public et par de secrètes complaisances. […] » Mais les types que crée le poëte dramatique, ne sont ni des abstractions, ni des symboles inanimés d’une vertu ou d’un vice ; ce sont des êtres doués de vie, portant le cachet d’une originalité propre et distincte, et auxquels il donne une âme prise dans la profonde connaissance du cœur de l’homme. Le poète comique puise .ses inspirations à deux sources différentes : l’une, la société qui l’entoure, avec ses ridicules et ses vices particuliers ; l’autre, le fond invariable -de la nature humaine. […] Ce type a peu exercé la curiosité des chercheurs de clefs, plus avides de découvrir la satire d’un travers ou d’un vice que de reconnaître une vertu ou une qualité. […] Et cependant l’humeur coquette d’Armande était loin d’être un indice rassurant pour l’avenir, Mais Molière avait subi le charme et, plein d’illusions, il s’écriait comme Alceste : « Sa grâce est la plus forte ; et-sans doute ma flamme De ces vices du temps pourra purger son âme. » Vaines illusions !

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