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14. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde jouit en repos d’une impunité souveraine. » Il est impossible de s’y tromper : c’est ici l’auteur même du Tartuffe qui se plaint, à la face du public, de ceux qui ont eu le pouvoir d’écarter de la scène cet ouvrage entrepris pour les démasquer. […] Ne l’est-il pas, au contraire, de confondre ce qu’elle sépare, et d’envelopper dans un même blâme le vice et la vertu dont elle a si bien assigné les différences ? […] Sans doute, au théâtre comme dans le monde, tout caractère vicieux veut se cacher, et l’hypocrite le veut plus qu’aucun autre, parce que son vice est le plus odieux de tous ; il le sait mieux qu’un autre aussi, parce que son vice est la dissimulation même. […] Et pourquoi ces deux vices, éternels ennemis de toute prudence humaine, ne l’aveugleraient-ils pas lui-même, ne le précipiteraient-ils pas malgré lui vers sa ruine ? […] Cette règle exclut la perfection du vice, aussi bien que celle de la vertu.

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