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130. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Scherer, examinant la conception du Misanthrope, où il voit des vices profonds, juge le caractère d’Alceste inconséquent, ambigu, insaisissable, inintelligible. […] Le dernier mot du Misanthrope,c’est la tolérance sociale ; tous les caractères qui tendent à la démonstration sont bons pour l’auteur ; il n’y vise point tels ou tels personnages spécialement ; il sort du cercle étroit des ridicules et des vices de son siècle ; il peint le cœur humain de tous les temps. […] Le dernier mot du jansénisme fut l’isolement ; il fit profession de croire que, « dans un monde où triomphent les vices », il n’est pas d’autre refuge que le désert pour les cœurs droits, froissés par les injustices, les lâchetés, les honteuses transactions qui sont le cortège ordinaire de la vie sociale. […] Car, si l’on excepte les Fâcheux, où Molière a peint plutôt des ridicules que des vices, le Misanthrope est la seule de ses pièces où il ait mis en scène des gens de cour : partout ailleurs il ne s’est attaqué qu’aux défauts et aux ridicules de la bourgeoisie.

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