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185. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Vous n’aviez pas dessein de me faire une si riche aumône, reprenez-la. » Molière tira un autre louis de sa poche, et le lui jeta, en murmurant, tout pensif : « Où diable la vertu va-t-elle se nicher ?  […] Les intérêts de la vraie piété, trop facile à confondre avec l’hypocrisie, les outrages qui, après être tombés sur celle-ci en toute justice, ne manqueraient pas de rejaillir ensuite sur celle-là, furent les raisons mises en avant et données pour prétexte : « Le roi, dit l’auteur de la Relation citée tout à l’heure, reconnut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel et ceux qu’une vaine ostentation de bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu, qui pouvaient être pris l’un pour l’autre, et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » IX. […] Alceste a parlé tout à l’heure de la fortune, que son scélérat a su faire :          … Son sort, de splendeur revêtu, Fait gronder le mérite et rougir la vertu ; il ajoute : Et, s’il est par la brigue un rang à disputer, Sur le plus honnête homme on le voit l’emporter.

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