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16. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Molière raille la physique et non plus la logique de l’école, lorsqu’il fait répondre au malade imaginaire que l’opium fait dormir parce qu’il a une vertu dormitive. […] Je serai cependant moins sévère que Rousseau, et je ne dirai pas, comme lui, qu’après avoir joué tant d’autres ridicules, Molière a voulu jouer dans cette pièce celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu. Ce n’est pas la vertu, mais les travers d’un homme vertueux que Molière a joués dans le Misanthrope. […] Cependant s’il ne tourne pas la vertu en ridicule, il lui oppose souvent, en lui donnant l’avantage, une certaine sagesse où nous reconnaissons, à plus d’un trait, l’esprit de la morale de Gassendi, c’est-à-dire de la morale de la prudence et de l’intérêt bien entendu. […] Recommander d’être sage avec sobriété et de s’accoutumer aux vices des hommes, n’est-ce pas mettre en pratique la morale de Gassendi, qui n’a pas d’autre but que de rendre la vie heureuse, et qui fait de la prudence la mère de toutes les vertus ?

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