Le duc de Montausier donnait à la vertu l’apparence de la rudesse. […] Comme en outre il était grondeur et bourru, surtout avec ses inférieurs, ces défauts semblaient repousser l’apparence même des vices de cour, et promettre des vertus qu’il avait très-réellement, mais qu’il gâtait à la fois par un grand faste en public et par de secrètes complaisances. […] Les brusqueries de Montausier, ce culte exagéré de la vertu, cette rigueur et ces airs stoïques, chez un homme de cour assez, en évidence dans le monde pour frapper les yeux de la foule, composaient un type peu commun, qui n’a pu échapper au regard observateur de Molière. […] « Dans un temps où les tartufes étaient puissants, les prudes devaient abonder : il y a bien près de l’hypocrite en religion à l’hypocrite en vertu 32. » Éliante, cette figure sympathique, qui se détache si délicieusement des physionomies de la coquette et de la prude, est un hommage rendu à la vertu simple et douce, que n’a pas atteinte la contagion d’une société pervertie. Ce type a peu exercé la curiosité des chercheurs de clefs, plus avides de découvrir la satire d’un travers ou d’un vice que de reconnaître une vertu ou une qualité.