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14. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Voilà un sentiment qui me paraît outré ; car je ne vois pas même que Molière ait jamais mieux représenté le Bourgeois Gentilhomme et Pourceaugnac, que Poisson les représente ; qu’il ait mieux soutenu le caractère du Misanthrope, que Beaubourg et Dancour le font valoir ; plus délicatement grimacé que la Toreillière, et ainsi des autres. […] Mais n’en parlons plus, aussi bien cela n’en vaut pas la peine, et ne mérite d’être relevé que pour accuser l’Auteur d’imprudence, d’être entré dans des choses si communes, qu’il nous avait pourtant promis d’écarter. […] Il a épargné tant d’autres vérités à des personnes qui ne les valent pas, tout Comédiens qu’ils sont ; il pouvait bien encore épargner à la Troupe le chagrin que de tels sentiments partissent d’un homme qu’ils reconnaissent pour leur Maître, et qui a été si longtemps à leur tête. […] Ces Messieurs-là n’allaient chez Molière, que pour faire valoir son esprit ; et ce que disent de Grands Seigneurs et des amis choisis, doit être agréable.

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