Molière raille sans piété ces folles, qu’il appelle un ambigu de précieuse et de coquette ; il n’épargne en même temps ni messieurs du Recueil des pièces choisies, ni ses rivaux les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne ; il se pose, dès ce moment, en contrôleur général des mœurs et des usages. […] Ce comique prolongé, d’où est sorti le pauvre homme du Tartufe, est un des procédés les plus ingénieux de Molière, et qu’il avait déjà mis en usage dans les Précieuses Ridicules. […] Il l’aborde avec les démonstrations d’un homme désireux de l’embrasser, selon l’usage des grands seigneurs d’alors, mais à la place d’une accolade, il serre violemment la tête du poète entre ses deux mains, et ce furieux la frotte contre les boutons de son habit, en répétant d’un ton de colère : Tarte à la crème, Molière, tarte à la crème ! […] On pouvait donc, sans être trop courtisan, flatter les amours du roi, lorsque Molière écrivit, pour les fêtes de Versailles, la Princesse d’Elide; en tirant sa pièce de Moreto, il ne crut pas devoir oublier le gracioso, personnage bouffon qui égaie presque toutes les vieilles pièces espagnoles, mais il modifia de beaucoup l’importance de ce singulier confident ; il ne fit pas usage de toutes les plaisanteries de son modèle, plaisanteries dont quelques-unes ne manquent pas d’originalité. […] Dans la pièce italienne, le valet de don Juan se nommait Arlequin, selon l’usage, et il se permettait certaines arlequinades qui ne devaient pas être du goût de tous les spectateurs.