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130. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Une légende courait le monde des théâtres et attirait la foule ; Molière, qui était directeur de troupe en même temps qu’auteur, s’en est emparé, par l’unique raison qu’elle était à la mode, et il y a collé tant bien que mal une étude de grand seigneur athée, qui eût à coup sûr mérité un plus beau cadre. […] C’est pour George Dandin que nous prenons parti ; la cruauté du sort qui le persécute, la barbarie du poète qui le flagelle à coups si pressés nous émeut et nous irrite ; nous éprouvons un sentiment analogue à celui dont vous êtes saisi, quand vous voyez une troupe d’enfants martyriser un pauvre chien, rire aux éclats, tandis qu’il agite la casserole pendue à sa queue, et le traîner par les oreilles à la rivière, en poussant des cris de joie féroce. […] C’est ainsi que Tartuffe était la seule qui pût être jouée au pied levé par la troupe courante. […] Les Ménechmes ont été joués avec beaucoup d’entrain par la jeune troupe de l’Odéon. Il faut tout d’abord mettre à part Mme Crosnier, qui n’est pas précisément de la jeune troupe, mais elle a fait l’office de capitaine ; elle a, en tortillant sa barbiche, mené les jeunes recrues au feu.

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