Molière joua le rôle d’Éraste, amoureux d’Orphise, et le rôle d’Orphise fut rempli par Armande : J’ai de l’amour encor pour la belle inhumaine, Et ma raison voudrait que j’eusse de la haine, disait Éraste, et puis il ajoutait : Trompez, si vous voulez, un malheureux amant, Maltraitez mon amour, refusez moi le vôtre ; Exposez à mes yeux le triomphe d’un autre; Oui, je souffrirai tout. […] Trompé dans sa femme qu’il avait élevée comme Ariste élevait Léonor, déçu dans ses plus chères espérances, il n’en resta pas moins de cet avis, que les femmes doivent être élevées dans la liberté. […] Il avait attaqué le faux dans les sociétés du grand monde, il l’avait attaqué dans l’éducation des femmes; tout à l’heure, dans le rôle de Don Juan, par le spectacle de Done Élvire en pleurs et des deux paysannes trompées, il allait flétrir à jamais l’hypocrisie d’amour. […] Celui-ci fut charmé de son bon cœur: « Il ne vous a pas trompé, lui dit-il ; je me le rappelle très bien, et c’est un fort honnête homme. […] La véritable source de tout le mal, c’est, disaient-ils, une humeur crasse et féculente, une vapeur noire et grossière, qui obscurcit, infecte et salit les esprits animaux, etc. » Ces médecins firent rire aux éclats toute la France, et Diderot a raison : « Si l’on croit qu’il y a beaucoup plus d’hommes capables de faire Pourceaugnac que le Misanthrope, on se trompe. » XVI.