Les titres de ces essais font deviner sans peine que la Faculté de médecine fut de bonne heure le but des malices de notre auteur ; il lança contre ce respectable corps ses premiers et ses derniers traits. […] Le monologue où Sganarelle délibère pour savoir s’il doit se battre avec le prétendu galant de sa femme, brille d’une foule de traits comiques. […] Les productions vantées de quelques auteurs pleins d’affectation et d’emphase devaient blesser son goût, irriter sa verve : il composa Les Femmes savantes ; Philaminte, Bélise et Armande offrirent à la vindicte publique le pédantisme personnifié ; le bon homme Chrysale adressa les remontrances les plus vives, les plus caustiques, aux personnes du sexe qui savent tant de choses ; la scène du sonnet et du madrigal, les exclamations qu’excitent ces deux chefs-d’œuvre, les éloges exagérés et les grossières injures qu’échangent entre eux Trissotin et Vadius, enfin le plan d’académie dont la devise est devenue celle de presque toutes les coteries littéraires, Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis ; ces traits incisifs et profonds ont porté le dernier coup à un vice que l’auteur avait déjà attaqué dans Les Précieuses ridicules. […] Depuis le noble empesé de campagne, jusqu’au pétulant marquis de cour, depuis les boutades brutales de Gorgibus, jusqu’au style quintessencié de Philaminte, c’est la même vérité : aucun trait n’échappe à son coup d’œil perçant ; il saisit dans des ridicules semblables des différences imperceptibles. […] Brécourt avait beaucoup de valeur ; et on en rapporte un trait qui mérite d’être cité ici.