/ 133
104. (1910) Rousseau contre Molière

Rien de plus ; donc la comédie, laissant seulement à la tragédie les empereurs, les rois et les princes, les hommes publics et qui sont mêlés aux intérêts publics, peindra les mœurs, toutes les mœurs, ridicules ou odieuses, comiques ou tragiques, des bourgeois et des hommes du peuple ; c’est le drame. […] C’est, comme on le sait bien, la différence de la comédie et de la tragédie. La tragédie peignant l’extraordinaire et même, comme n’a pas hésité à le dire, et avec raison, Corneille, peignant l’invraisemblable, est forcée d’être historique, parce qu’au reproche d’invraisemblance elle répond : « c’est vrai ; cela a eu lieu », ce qui ferme la bouche aux contradicteurs. […] On a fait la même chose dans la tragédie pour suppléer aux situations prises dans les intérêts d’état qu’on ne connaît plus et aux sentiments naturels et simples qui ne touchent plus personne. […] Ceux-ci sont des anomalies nuisibles et redoutables ; ce sont personnages de tragédie.

/ 133