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159. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Tour obtenir ces applaudissements, il fallait se plier à des négoces laborieux. […] Les Béjarts en vinrent à bout par un tour digne des comédies du temps. […] On se figurera que j’ai mes vues, et que je tends à mes fins : on empoisonnera mes plus saintes actions : on donnera à mes plus droites intentions un mauvais tour, et l’on en rira. […] Si le spectateur n’est pas un saint, ni même un sage, capable de distinguer la fausse dévotion de la vraie, comment saura-t-il se défendre ou d’une aversion systématique pour tous les dévots, même pour ceux que Molière estime, ou d’une crainte lâche de paraître dévot, ou enfin d’une secrète admiration pour cet habile homme qui, seul contre toute une famille conjurée, parvient à la dépouiller en un tour de main, et va s’enrichir sans prendre d’autre peine que de faire un bon somme après ses quatre repas ? […] Et le modèle de Bourdaloue à son tour paraît bien un de « ces Messieurs » dont parle Molière dans son apologie ; un de ces « zélés indiscrets » qui se permettaient de le juger sans le connaître, qui osaient suspecter la pureté de ses intentions et qui ne déclamaient enfin contre sa comédie que pour s’y être trop reconnus.

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