Cependant les hommes qui ont étudié tous les secrets du style n’ont pas trouvé dans celui de l’auteur la manière largeet franche et la touche vigoureuse du poète comique. […] La débauche de ses filles, la persécution de ses gendres, ne le touchent plus ; toutes les intrigues se débrouillent, les ennemis se réconcilient, les deux jumeaux se reconnaissent, la paix et la joie rentrent dans le sein de la famille, le tout par les soins de l’hypocrite, qui emploie toujours un langage mystique, et quelquefois des moyens peu délicats, mais qui au fond rend service à tout le monde, et ne travaille que secondairement pour lui-même. […] La vengeance de l’infâme est d’ailleurs satisfaite par l’exhérédation de Damis ; ce n’est plus comme étranger qu’il en profite, c’est comme gendre ; voilà pourquoi Tartuffe est conçu d’une manière plus large, et tracé d’une touche bien plus vigoureuse que le triste Onuphre, qui, comme tous les fourbes du bas étage, va courir les successions à la porte des vieux célibataires, et extorquer quelques sommes à la terreur des mourants.