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101. (1900) Molière pp. -283

L’idée de la mort n’envahit pas les hommes de très bonne heure ; il y a des caractères d’hommes auxquels elle ne touche jamais, et c’est le plus grand nombre. […] Qui en choque un se les attire tous sur le bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. […] C’est une épopée mise en dialogue, où tous les caractères, même les plus épisodiques, sont accusés à grands traits, d’une manière qui rappelle la largeur et la simplicité de la touche homérique. […] Je veux vous faire toucher la chose du doigt par un exemple précis, tiré de l’histoire même de notre société et de notre comédie ; l’exemple est non seulement précis, mais il a cet avantage de pouvoir être proposé à certaines portions de cet auditoire d’une manière plus explicite que lorsqu’il s’agit des rapports entre la femme et le mari : c’est l’amour fraternel. […] Les derniers échelons trempaient dans l’eau fangeuse, tandis que les premiers, fièrement appuyés au tronc d’un magnifique palmier, étaient caressés de ses fruits et défendus par son ombrage contre les ardeurs du soleil : « Vil peuple », disaient les échelons d’en haut à ceux d’en bas, « rampe dans la poussière tandis que nous touchons au ciel ».

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