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82. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Mais pour justifier les comédiens et le parterre sans faire tort à Molière, il est à propos d’examiner les circonstances dans lesquelles il se trouvait. […] Il daube encore si fort le marquis ridicule, Que de l’être on fera scrupule ; Et ce n’est pas un petit tort, Que cela ferait à nos princes, Qui de ces marquis de provinces, Parfois se divertissent fort. […] Molière, pour ne point heurter de front le sentiment des critiques, et sachant qu’il faut ménager les hommes quand ils ont tort, donna au public le temps de revenir, et ne rejoua L’Avare que sept mois après. […] Le public hésita donc durant quelques jours : il ne savait s’il avait eu tort de croire que Jodelet maître et valet, et Dom Japhet d’Arménie, fussent dans le bon goût, ou s’il avait tort de penser que c’était Le Misanthrope qui était écrit dans le bon goût. […] Il fait par un arrêt couronner son forfait ; Et non content encor du tort que l’on me fait, Il court, parmi le monde, un livre abominable, Et de qui la lecture est même condamnable, Un livre à mériter la dernière rigueur, Dont le fourbe a le front de me faire l’auteur. » 1.

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