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174. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Ce charme d’une affection naturelle dans des âmes. pures, Molière le montre maintes fois sur son théâtre ; et chaque fois c’est avec une émotion nouvelle qu’on s’intéresse de cœur à ces simples et touchantes passions, qu’elles entraînent les dieux mêmes et les nymphes comme Amour et Psyché 439, ou les valets et les servantes comme Covielle et Nicole 440. […] Tout cela surnage au-dessus de toutes les intrigues et de toutes les faiblesses ; tout cela est exprimé ou indiqué avec une mesure et une justesse qui donnent à l’ensemble de ces peintures d’amour un caractère général de moralité, et qui placent le théâtre de Molière à une distance infinie au-dessus de l’immense majorité des drames et des romans d’amour464. […]   Quand on repense à la fausseté et à l’indécence des amours applaudis sur tant de théâtres, à la corruption insinuée chaque jour au peuple par tant de romans pleins de passions hors nature, à la gloire acquise par tant d’auteurs au moyen des théories d’amour les plus brutales et des peintures d’amour les plus lubriques, on reconnaît que Molière a rendu service à la morale en présentant sans cesse le spectacle, conforme à la nature et à la raison, d’amours jeunes, joyeux et honnêtes. […] Dans le Misanthrope, les grandes scènes des actes 111 et V peuvent contenir quelque chose de personnel à Molière, qui faisait Alceste, tandis que sa femme, qu’il ne voyait plus qu’au théâtre, jouait Célimène. […] C’est le caractère de ce théâtre, où on ne voit ni fille tombée, ni courtisane.

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