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16. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Tour à tour naïve, tendre, morale, et guerrière, elle fait éclore les idées les plus riantes et les sentiments les plus élevés ; elle inspire l’amour, cimente l’amitié, frappe le ridicule, enflamme le courage ; enfin, est à la fois l’interprète du cœur et l’organe de l’esprit. […] Nous l’avons vue choisir ses personnages parmi les individus de conditions différentes, qui tendaient sans cesse à se confondre ; ne peut-elle pas aujourd’hui se diriger vers le but opposé, et les hommes forcés de reprendre leur rang sont-ils moins dignes de ses pinceaux, que les hommes tourmentés du désir de quitter leur place ? […] Non, Molière, tu ne l’implorerais pas en vain ce monarque invincible ; il entendrait tes plaintes jusque dans le tumulte des camps ; et, du haut de son char de triomphe, il te tendrait une main protectrice.

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