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137. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

D’un autre côté, les conditions tendaient à se rapprocher et à effacer la ligne chaque jour moins profonde qui les séparait ; dans tous les degrés de l’échelle sociale, chacun s’efforçait de s’élever au-dessus de son état, en blâmant les mêmes efforts dans tous les autres : de là une multitude de prétentions, de rivalités comiques. […] On a beaucoup répété que, se trouvant, dans le principe, uni d’intérêt avec les Béjart, il avait bientôt formé avec la sœur une liaison plus intime et plus tendre ; que, par la suite, ayant admis à la fois dans sa troupe mademoiselle de Brie et mademoiselle du Parc, il avait offert à celle-ci des hommages qui avaient été orgueilleusement rebutés ; que, s’étant alors tourné vers la première, il en avait été reçu plus favorablement ; et que la fière du Parc, quand elle l’eut vu dans le chemin de la gloire et de la fortune, avait inutilement essayé de rattraper ce cœur qu’elle avait dédaigné. On n’a pas craint d’ajouter que, lorsque l’humeur coquette et hautaine de sa femme l’eut forcé à rompre tout commerce avec elle, mademoiselle de Brie, toujours bonne et de composition facile, lui avait encore, en cette occasion, prêté le secours de ses tendres consolations. […] Molière, né tendre et mélancolique, avait donné tout son cœur, et il voulait en retour un cœur tout entier.

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