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155. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

C’est à qui provoquera cette ironie légère ou cruelle qui tantôt s’éparpille en étincelles, tantôt jaillit comme une gerbe de fusées, et serait le chef-d’œuvre de la causerie si l’on ne sentait trop, sous les saillies de l’improvisatrice, le parti pris de déployer un talent qui veut à toute force enlever les bravos. […] En un temps où la dispute des Jobistes et des Uranistes fut aussi retentissante que celle du Cid 80 ; lorsque les plus grands seigneurs, se piquant de bel-esprit, croyaient exceller par droit de naissance dans un art où la qualité les dispensait de talent, Oronte est peint d’après nature. […] Tout en réservant les droits de faveur et les privilèges d’exception que comportent le talent et le génie (car il ne faut jamais interdire une ambition justifiée), nous croyons aussi à la nécessité de ces connaissances discrètes et modestes qui n’enivrent pas l’amour-propre, laissent à la grâce tout son jeu, et n’altèrent point l’aisance des sentiments naturels183. […] Le duc de Beauvilliers et de Saint-Aignan mêlait à ses talents militaires des prétentions littéraires.

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