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145. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Ce n’est certainement point ici l’acte solennel d’un père justement courroucé, foudroyant la tête d’un enfant coupable ; c’est simplement le trait d’humeur, la saillie de colère d’un vieillard jaloux qui, trouvant un rival dans son fils, s’irrite assez injustement d’une résistance assez légitime ; ainsi, la plaisanterie de ce fils, criminelle, si la malédiction eût été sérieuse et méritée, reste seulement indécente, dès qu’elle ne fait que répondre à une boutade ridicule et mal fondée. […] Pourceaugnac, cette fois, ne donne pas tête baissée dans le panneau : dupe d’un artifice habilement gradué, il passe de l’incrédulité au doute, et du doute à la conviction ; prévenu et en même temps flatté de l’idée qu’on connaît lui, les siens et sa ville, il aide à la lettre, vient au secours des hésitations, redresse les erreurs, achève les discours, répond quand il devrait questionner, et s’émerveille ensuite de voir un homme si bien informé de tout ce qu’il vient de lui apprendre lui-même. […] Comment penser, en effet, quand tout relève de vous, aboutit à vous ici-bas, que les astres se lèvent nonchalamment sur votre tête, et continuent d’y rouler, comme sur celle d’un obscur artisan, sans daigner régler ou du moins pronostiquer votre sort ?

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