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68. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Elle est surtout dans les joies, dans les soucis, et jusque dans les tristesses du foyer domestique ; dans ce drame long, monotone et doux de la vie de famille ; dans le retour régulier de ce qu’attend une espérance modeste; dans les épisodes gracieux, sombres eu touchants que la Providence entremêle à l’épopée de chacune de nos vies ; dans le souvenir respectueux des vertus réelles et pratiques des ancêtres; dans l’estime plus que dans la gloire ; dans un amour intime de la terre natale, de tous ses enfants, de tous ses intérêts; dans la vie intérieure du cœur, vaste et profond théâtre où, dans un demi-jour solennel, se meuvent tant d’idées et de sentiments, d’images et de réalités, de souvenirs et d’espérances ; dans la religion enfin, sans laquelle toute poésie est menteuse ou mutilée, et qui, seule, donnant une valeur impérissable à ce qui ne parait pas, en enlève d’autant à tout ce qui parait et qui éclate. […] La plupart des écrivains du temps, poètes ou prosateurs, ont entrevu un idéal semblable et ont contribué à en dessiner les traits; mais il y a pourtant des différences entre eux Chez Racine, l’honnête homme est plus chevaleresque et se montre surtout par les côtés galants c’est dans ses relations avec le beau sexe qu’il aime à déployer toute sa distinction. […] Rambert à cette question10, il l’est surtout pour un poète dramatique, de s’attaquer à une fausse imitation des choses saintes. […] Il était difficile, et surtout à un étranger, d’être neuf en un sujet comme celui qu’a choisi M.

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