Une partie de la pièce est un guignol, c’est-à-dire une pièce à travestissements burlesques : Sganarelle, faux médecin est surpris par le père de famille sans habit de médecin, il dit qu’il est le frère du médecin et qu’il lui ressemble comme deux gouttes d’eau se ressemblent (souvenir de cela dans le Malade imaginaire) ; il se présente au père de famille tantôt en habit de médecin, tantôt en habit bourgeois, avec une grande rapidité de changement de costume, pour faire croire à l’existence réelle de deux personnages ; il se présente même, du haut d’une fenêtre, sous l’aspect des deux personnages, étant en habit bourgeois mais tenant de sa main et du coude le chapeau, la fraise et la robe du médecin, etc. […] Les premiers vers de ce poème sont d’une pompeuse platitude que l’on peut considérer comme fâcheuse : Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux, Auguste bâtiment, temple majestueux, Dont le dôme superbe, élevé dans la nue, Pare du grand Paris la magnifique vue, Et parmi tant d’objets semés de toutes parts, Du voyageur surpris prend les premiers regards […] Les suivants, depuis : « Toi qui dans cette coupe… » jusqu’à : « Mais des trois comme reine… » ne sont peut-être pas aussi mauvais. […] C’est le contraire ou quelque chose de différent qui pourrait surprendre. […] De même encore ce qui pourrait surprendre quand il a vu Tartuffe les bras tendus pour embrasser Elmire, c’est qu’il soit convaincu, c’est que ses yeux soient dessillés, c’est qu’avec trois mots Tartuffe ne le remette pas au pas et dans son erreur, La première fois que vous avez lu Tartuffe vous vous y attendiez, et vous étiez à peu près sûrs que Tartuffe allait dire : « Mon dessein » était droit et sans qu’on s’en émeuve On peut entendre assez qu’il n’était qu’une épreuve Par où le ciel voulait qu’on se pût assurer Des vertus de Madame et les bien admirer, Ou découvrir un fond de cœur qui fût moins sage ; Et peut-être on eut tort, traversant mon ouvrage, D’empêcher sûrement que l’on sût jamais rien Et d’ôter toute preuve ou du mal ou du bien. […] Molière sait si bien que la scène de coquetterie, que le manège d’Elmire ne sera pas de première force, qu’il prend ses précautions, qu’il prévient, qu’il fait dire à Dorine : […] Son esprit est rusé, Et peut-être à surprendre il sera malaisé.