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148. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Si l’on trouve parfois dans le dialogue de Molière un peu de crudité et de verdeur, on n’en est pas surpris, en se reportant au temps où il vécut ; s’il y a lieu de s’étonner au contraire, c’est bien plutôt du progrès qu’il fit faire au style et aux mœurs de la comédie. […] Il commença par se donner une instruction spéciale qui surprend par son étendue. […] Après, poussant plus loin cette triste figure, D’un cocu, d’un jaloux il en fait la peinture ; Tantôt à pas comptez, vous le voyez chercher Ce qu’on voit par ses yeux, qu’il craint de rencontrer ; Puis, s’arrêtant tout court, écumant de colère, Vous diriez qu’il surprend une femme adultère, Et l’on croit, tant ses yeux peignent bien cet affront, Qu’il a la rage au cœur et les cornes au front. […] Cette fille lui répondit d’un air assez ferme : « Je demande les clefs du monastère, monsieur, pour en sortir. » Cette réponse extraordinaire surprit tout le monde. […] Lorsque la toile fut levée, Molière parut sur la scène en habit de ville et, s’adressant au roi avec le visage d’un homme surpris, fit ses excuses en désordre sur ce qu’il se trouvait là seul et manquait de temps et d’acteurs pour donner à Sa Majesté le divertissement qu’elle semblait attendre.

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