Si nous prenons ce point de vue pour juger l’art de Molière, — ayant présentes à l’esprit, d’une part ses grandes pièces, et d’autre part les pièces de ses « rivaux » dont nous avons parlé, — nous y constaterons les divers procédés suivants : Molière nationalise tous ses sujets, que les autres laissaient ou faisaient espagnols et italiens. […] Tandis qu’on enseigne autour de lui, non seulement parmi les jansénistes, mais parmi les jésuites aussi, que la nature humaine est corrompue ou insuffisante ; que nos plus dangereux ennemis, nous les portons en nous, et que ce sont certains de nos instincts ; qu’en suivant leur impulsion nous courons de nous-mêmes à la damnation éternelle ; qu’il n’y a donc d’espoir de salut qu’à les tenir en bride, que la vie de ce monde nous a été donnée pour ne pas en user, et la nature pour nous être une perpétuelle occasion de combat, de lutte, et de victoire sur elle-même, Molière, lui, croit précisément le contraire. Il croit qu’en suivant nos instincts, nous obéissons au vœu de la nature ; il croit qu’on ne saurait dire s’il y a plus d’insolence et plus d’orgueil ou plus de sottise et de folie, à vouloir vivre non seulement en dehors d’elle, mais contre elle. […] Mais, en ne la suivant pas, il faut prendre garde au moins de ne la pas contrarier, et, pour cela, de ne rien mêler à ses opérations qui ne soit pris ou tiré d’elle-même, si je puis ainsi dire, et puisé dans son fonds. […] Une étude de Molière qui voudrait être absolument complète devrait comporter les divisions suivantes :