Ici, c’est le duc d’Arpajon, lieutenant général, qui écrit successivement deux lettres missives aux consuls d’Albi pour leur recommander de payer le transport des bagages de la troupe de leur ville à Castres, et il est probable qu’on trouverait dans cette dernière ville des lettres semblables, qui enjoignent aux magistrats consulaires d’agir de même pour un autre relai, et ainsi de suite jusqu’à Pézenas où se réunissaient cette année-là les États du Languedoc. […] Ce fut donc danser soupers que j’appris une espèce de suite chronologique de comiques jusqu’aux Sganarelle, qui ont été le personnage favori de Molière, quand il ne s’est pas jeté dans les grands rôles à manteau, et dans le noble et haut comique de L’École des femmes, des Femmes savantes, du Tartuffe, de L’Avare, du Misanthrope, etc. […] Le Matamore, le docteur Graziano Baloardo, Gaultier-Garguille, Polichinelle, Pantalon, Philippin, Scaramouche, Briguelle, Trivelin, Gros-Guillaume, Guillot-Gorju, Arlequin, Turlupin, Poisson, Jodelet et enfin Molière lui-même52, contemplant ses prédécesseurs et ses émules avec sérénité, sont réunis sur cette toile comme pour réaliser par le pinceau « la suite chronologique » qu’avait esquissée Palaprat aux soupers, du Florentin Vario. […] Il me semble, pour moi, que le « canard » de la mort d’Antonio Verrio, se noyant à la suite d’un défi porté au milieu d’un repas par des hérétiques français, se rattache à la légende du souper d’Auteuil, où les convives voulurent se noyer en sortant de table. […] Il existe une suite gravée de ces compositions, qui sont d’un fort grand style.