Horace s’est adressé au cœur d’Agnès par l’affection, et il a fait naître de suite en elle le même sentiment, ainsi que cette jeune fille le dit à son tuteur avec une adorable naïveté : « Vraiment il on sait donc là-dessus plus que vous, car à se faire aimer il n’a point eu de peine. » C’est par ce moyen que, dans l’École des Maris, Ariste, quoique plus âgé que Sganarelle, sait se faire aimer de sa jeune pupille, tandis que celui-ci et Arnolphe ne savent que se faire détester des jeunes personnes qu’ils veulent épouser. […] Quelques paroles prononcées par cette personne montrent de suite chez elle l’existence de la perversité la plus grande alliée à l’insensibilité morale la plus complète. […] Qu’on lise Don Juan, ainsi que l’histoire des criminels, dans les journaux judiciaires, et l’on s’apercevra de suite que ces malheureux ne cherchent point à s’étourdir ; l’on verra que, s’ils ne songent point au mal qu’ils commettent, c’est parce que leur conscience, moralement idiote, ne leur reproche rien. […] « Va, nous partagerons les périls en frères ; et trois ans de galère de plus ou de moins ne sont pas pour arrêter un noble cœur. » Et plus loin : « Les périls ne m’ont jamais arrêté, et je haïs ces esprits pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites, n’osent rien entreprendre. » Voilà bien ce que pense le criminel ou celui qui, par le fait de l’anomalie morale dont il est affecté, est apte à le devenir. […] » Les mots : sans dot, qui flattent l’avarice d’Harpagon, absorbent tellement son esprit qu’il les répète plusieurs fois dans la suite du dialogue.