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88. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Ménage s’en prétendit guéri du style amphigourique. […] a-t-on jamais parlé, dans le beau style, de Cathos, ni de Madelon, et ne m’avouerez-vous pas que ce serait assez d’un de ces noms pour décrier le plus beau roman du monde ? […] Don Garcie fut le tâtonnement d’un esprit qui cherche sa forme ; il avait employé, pour ses premières pièces, la langue plébéienne, âpre, forte, hardie : ce langage pouvait aller, au sortir de la Fronde ; mais devant cette cour polie de Louis XIV, il fallut que ce style changeât : la sève resta la même, mais la forme fut contenue. […] La correction et le poli du vers de Boileau (le procédé à l’huile) l’avait d’abord séduit, et il avait essayé de ce style pour Don Garcie, mais il reconnut bien vite que cette forme, quel qu’élégante qu’elle fût, lui allait mal et convenait peu au théâtre ou il fallait peindre d’un seul coup, à grands traits non tâtés. […] La comédie atteignait ici, comme art et comme style, à son plus haut point de perfection ; mais, excepté dans le rôle de Martine, joué d’original par la servante de Molière, cette œuvre de calme et de sérénité, trop simple pour le théâtre, n’eut point de succès.

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