S’il en fallait croire un autre narrateur de ce petit fait, Molière n’aurait pas voulu que les vers fussent crus l’ouvrage de Benserade ; mais il y aurait outré à dessein les vices de son style, afin que la cour se divertît à ses dépens. Il est peu probable que Molière ait composé, à la louange du roi, des vers qui n’eussent été que la parodie d’un style ridicule ; il ne l’est pas davantage que le monarque lui-même se fût prêté à ce badinage indécent. […] Faisant descendre le sujet uniforme de ces deux comédies, de la hauteur héroïque où l’avait élevé Molière, et le ramenant à l’époque où nous vivons, mais conservant soigneusement les moyens de l’action, le caractère et le style des personnages, il en a fait plusieurs de ses pièces les plus vantées : ce n’est pas assez dire ; il en a fait toutes les pièces de son théâtre ; car cet écrivain, dans sa fécondité stérile, n’a guère traité qu’un même sujet, comme il n’a eu qu’une seule manière ; et l’on sait que le titre de deux de ses comédies, La Surprise de l’amour, a paru propre à les dénommer toutes plus exactement qu’il n’avait fait lui-même.