Si les théâtres des Anciens avoient trente toises de face, le reste de la salle devoit être grand à proportion ; par conséquent le même inconvénient subsistoit toujours, & une bonne partie des spectateurs étoit plus éloignée de l’acteur qui parloit, que celui qui feignoit de ne pas entendre. La Menardiere dit encore très sérieusement, que les Poëtes pourroient faire des aparté fort raisonnables si l’on écrivoit sur l’un des côtés du théâtre, ici est la Place Royale, & sur l’autre, ici est le Louvre, parceque, de cette façon, l’acteur qui seroit à la Place Royale pourroit être entendu du spectateur sans l’être du personnage qui seroit au Louvre. […] — C’est la représentation d’une aventure vraie ou vraisemblable. — Le spectateur est-il censé être témoin de cette représentation ? — Non, puisque l’aventure est censée se passer seulement entre les personnes intéressées. — Si le spectateur est censé n’être pas présent, sa présence peut-elle faire qu’une chose naturelle par elle-même devienne tout de suite contre nature ? […] Accoutumons-nous donc à juger de toutes les parties de la comédie, eu égard à l’action, à la scene seulement, & oublions tout-à-fait le spectateur.